AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - LyriqueLa Flûte Enchantée de Versailles : le conte est bon !

La Flûte Enchantée de Versailles : le conte est bon !

OPÉRA – En cette période des fêtes de fin d’année, l’Opéra Royal de Versailles propose une version française de « La Flûte enchantée » dans la mise en scène féerique de Cécile Roussat et Julien Lubek, portée par une distribution vocalement remarquable. Un souffle de fraîcheur bienvenu pour ce chef d’œuvre qui, par sa sensibilité et sa profondeur dramatique continue de toucher les spectateurs par sa représentation touchante des faiblesses humaines. 

Créée en 2010 à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège en collaboration avec l’Opéra Royal de Versailles, cette production conserve tout son pouvoir d’émerveillement et démontre une fois de plus sa capacité à susciter des interprétations multiples du chef d’œuvre de Mozart. Elle fusionne avec élégance l’univers des contes de fées à la Disney, l’onirisme de l’Alice de Lewis Carroll tout en préservant la quête initiatique et ses allusions aux rites de la franc-maçonnerie. 

Disney, Narnia, Alice, Andersen : le conte est bon !

Le spectacle s’ouvre de façon originale : un personnage dépoussière un phonographe, rappelle aux spectateurs de bien éteindre leurs téléphones, puis lance le disque qui démarre les premières notes de l’opéra. L’action se déroule dans une chambre d’enfant aux proportions démesurées, où le rêve va devenir réalité dès les premières scènes. Tamino, vêtu d’un pyjama rayé, s’endort dans un lit gigantesque, d’abord menacé par un méchant serpent à côté de lui avant d’être secouru par trois dames aux tenues égyptiennes. Ce même lit servira plus tard de refuge à la jolie Pamina, représentée comme une poupée géante, entourée d’oreillers animés. 

Images de la production reprise à Avignon, saison 2019-2020 (fonds d’images Ôlyrix) © Cédric et Mickhaël Studio Delestrade

La scénographie est ingénieuse : les trois dames semblent se détacher de la cheminée comme des ornements vivants, tandis que les trois jeunes enfants apparaissent à l’intérieur de gros manteaux suspendus aux ceintres d’une gigantesque armoire magique. Un peu de Narnia avec ça ?

Images de la production reprise à Avignon, saison 2019-2020 (fonds d’images Ôlyrix) © Cédric et Mickhaël Studio Delestrade

Les objets magiques sont réinventés de façon poétique : la flûte offerte à Tamino devient un magnifique rameau feuillu et la clochette est transformé en un réveil géant. Les personnages sont réimaginés dans l’esprit des contes : Monostatos est un ramoneur couvert de suie, descendant de la cheminée avec sa suite de petits nains aux visages disproportionnés tandis que la Reine de la Nuit surgit telle la méchante reine de Blanche Neige, d’un portrait-miroir accroché au-dessus de la cheminée. Le temple de Sarastro est transformé en bibliothèque remplie de symboles maçonniques. 

Une reine appelée « Araignée »

Tout évoque brillamment l’univers des contes de Perrault et de Disney, propre à nos rêves et à nos souvenirs d’enfances, tout en offrant une lecture plus mature enrichie de nombreuses références culturelles qui parlent aux adultes. Tout en restant fidèle au livret original, la mise en scène fait preuve d’une grande inventivité, qui permet de laisser libre cours à notre imagination. L’atmosphère féérique est complétée par des effets visuels enchanteurs : pluies d’étoiles, colombes blanches, acrobates et funambules.

Images de la production reprise à Avignon, saison 2019-2020 (fonds d’images Ôlyrix) © Cédric et Mickhaël Studio Delestrade

Les magnifiques costumes, créés par Sylvie Skinazi contribuent à cette féérie : des tenues égyptiennes des trois Dames à la robe spectaculaire de la Reine de la Nuit, imaginée comme une araignée au milieu de sa toile géante en passant par la robe de poupée de Pamina aux couleurs éclatantes, qui fait écho à la poupée que tient l’enfant dans la scène finale, où Sarastro en papi bienveillant, lui lit une histoire. 

Le spectacle s’achève sur une note d’espoir célébrant le triomphe du bien sur le mal, l’amour et la réconciliation de tous les personnages qu’ils aient été gentils ou méchants, dans une joyeuse célébration finale. 

Poupées de son
  • Mathias Vidal incarne avec brio le jeune et téméraire Tamino. Sa voix juvénile impressionne particulièrement dans les aigus ciselés, et il porte son personnage avec une assurance remarquable, tant dans le jeu que dans le chant. 
  • La soprano québécoise Florie Valiquette offre une interprétation plutôt convaincante en Pamina, jolie poupée aux gestes mécaniques. Sa prestation vocale se distingue par un timbre homogène et des aigus maîtrisé, servant parfaitement la sensibilité de son personnage. 
  • Marc Scoffoni se distingue dans le rôle de Papageno, avec un talent comique remarquable, un timbre riche et constant. Un jeu d’acteur versatile lui permet de passer avec aisance du bon vivant au peureux, du désespoir à la joie de son duo avec la Papagena de Pauline Ferraci, dont l’interprétation bien que prudente, révèle un timbre subtil. 
  • La Reine de la Nuit trouve en Julia Knecht une interprète remarquable, qui se révèle pleinement dans un « Der hölle racht » magistral, lui valant une standing ovation bien méritée. 
  • En Sarastro, Nicolas Certenais offre une présence magnanime servie par une voix puissante et ronde malgré quelques faiblesses dans les graves. Enfin, le ténor Olivier Trommenschlager excelle en Monostatos combinant qualités vocales et sens comique qui suscite régulièrement les rires du public. 
À lire également : Flûte alors !

Cette production de « La flûte enchantée » dans l’écrin merveilleux de l’Opéra Royal de Versailles réussit à enchanter spectateurs de tous âges. Cette version en français, qui répond à une volonté d’accessibilité, préserve l’essence même de cet opéra, qui entremêle élévation spirituelle et faiblesse humaine. 

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