CONCERT – Ce jeudi 6 mars, la cathédrale Saint-Louis au musée des Invalides se transforme en véritable machine à remonter le temps pour un voyage au cœur du XVIIIe siècle. Sous les voûtes majestueuses de cet édifice historique, l’Orchestre de Chambre de Mannheim invite à une immersion totale dans l’univers de Mozart, traversant les différentes étapes de sa vie musicale.
Depuis 2018, Paul Meyer dirige cette formation avec une énergie contagieuse et une précision exemplaire. Considéré comme l’un des clarinettistes les plus brillants de sa génération, il ne se contente pas de jouer : il raconte des histoires, habite la musique, dialogue avec Mozart comme s’ils se connaissaient depuis toujours.
La jeunesse impétueuse
Avant d’atteindre la maturité de son art, Mozart est d’abord un jeune prodige en quête d’indépendance. Enfant prodige exhibé dans les cours européennes par son père Léopold, il impressionne rois et empereurs par son talent hors norme. Mais derrière cette virtuosité, il y a un esprit libre, avide de reconnaissance et d’émancipation. Jean-Paul Gasparian, révélé comme soliste instrumental aux Victoires de la musique classique 2021, incarne cette énergie impétueuse en interprétant le Concerto pour piano n° 9 « Jeunehomme » en mi bémol majeur KV 271. Composé à Salzbourg par un Mozart âgé de 21 ans, ce concerto marque une rupture avec les conventions et témoigne de son envie de s’affranchir des contraintes imposées par son entourage. Son écriture audacieuse, ponctuée de dialogues surprenants entre le piano et l’orchestre, est la preuve d’un esprit en pleine effervescence. Gasparian, avec passion et maîtrise, répond à l’appel du jeune Mozart, insufflant à cette partition une énergie rayonnante.

Un chant suspendu dans le temps
Avec le Concerto pour clarinette en la majeur KV 622, c’est un autre Mozart qui se révèle. Paul Meyer endosse ici un double rôle, dirigeant tout en interprétant cette œuvre d’une beauté poignante. En 1781, après avoir quitté Salzbourg pour s’installer à Vienne, Mozart conquiert peu à peu la capitale impériale. Il se lie d’amitié avec Anton Stadler, clarinettiste virtuose, à qui il destinera ce concerto. Composée dans les derniers mois de sa vie, cette musique flotte sous les voûtes de la cathédrale avec une sérénité mêlée de mélancolie. Chaque note semble suspendue dans le temps, témoignant à la fois de la plénitude artistique de Mozart et des incertitudes qui marquaient alors son existence à Vienne.
Les tourments du génie
Pour conclure ce voyage dans la vie de Mozart, la célèbre Symphonie n° 40 en sol mineur KV 550 vient refermer cette fresque musicale sur une note dramatique. En 1788, Mozart est en proie aux difficultés financières, croulant sous les dettes et obligé d’écrire à ses amis pour demander de l’aide. Sa vie personnelle est également marquée par la maladie et l’inquiétude pour sa famille. Pourtant, c’est dans cet état d’urgence qu’il compose trois de ses plus grandes symphonies, dont cette poignante n° 40. Si le Concerto pour clarinette est un dialogue tendre et envoûtant entre le soliste et l’orchestre, cette symphonie est un tourbillon émotionnel, une tempête qui emporte l’auditeur dans son urgence dramatique. L’Orchestre de Chambre de Mannheim, sous la baguette experte de Paul Meyer, en tire toute la tension et la beauté, donnant vie aux tourments intérieurs du compositeur.
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De l’insolence de son Concerto « Jeunehomme » à la douceur enchanteresse de son Concerto pour clarinette, en passant par l’intensité dramatique de sa Symphonie n° 40, Mozart continue de nous parler à travers les âges. Cette soirée sous les voûtes de Saint-Louis ne se contente pas de célébrer son génie : elle nous rappelle combien sa musique reste éternellement moderne et universelle.
Demandez le programme !
- W.A Mozart – Concerto pour piano n° 9 « Jeunehomme » en Mi bémol majeur, KV 271
- W.A Mozart – Concerto pour clarinette en La majeur KV 622
- W.A Mozart – Symphonie n°40 et sol mineur KV550

