AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - DanseAcadémie Princesse Grace : petits rats du Rocher

Académie Princesse Grace : petits rats du Rocher

DANSE – Dans l’écrin de la Salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo, réplique miniature de son illustre modèle parisien, l’Académie de danse Princesse Grace a présenté son gala annuel, les 20 et 21 juin. Une célébration touchante qui témoigne de la fidélité de son public, mais surtout un moment d’émotion et d’accomplissement qui révèle au grand jour le niveau remarquable d’une institution, qui cultive la danse avec une exigence rare. Impressionnant. 

Une quarantaine d’élèves âgés de 13 à 18 ans, toutes classes confondues, déploient toute leur palette technique et artistique, dans un spectacle mêlant classique et contemporain. Voilà bien la signature de cette école princière : former des danseurs accomplis, capables d’embrasser tous les styles. Cette année, cinq jeunes diplômés quittent le nid pour voler vers de prestigieuses compagnies : Selen Gür (Ballett Dortmund), John Fontanini (Birmingham Royal Ballet), Peter Hull (Stuttgart Ballet), Sarika Emi (Semperoper Ballett Dresden), impressionnante de virtuosité dans un court extrait de Giselle et Hector Jain (Concours du Ballet de l’Opéra National de Paris). 

Nuits d’étoiles

La première partie nous a mis en appétit par sa diversité créative, servant huit tableaux qui mêlent créations inédites et reprises pour mettre en lumière tout le talent des interprètes de cette école. Pour n’en citer que quelques-uns : Larmes de Lune de Francesco Nappa dévoile un duo pailleté et sensuel d’une beauté troublante sur le Clair de Lune de Claude Debussy. Orris de Yahel Hernandez Cruz transforme trois danseuses en une Shiva ensorcelante avec ses mouvements de bras magnifiques sur les notes de Satie. Plus troublant encore, Danse de Minuit de Julieta Martinez nous plonge dans une Danse Macabre de Saint-Saëns : jupons écarlates virevoltant où les jeux de lumière brouillent les frontières entre nuit et jour, comme si les danseurs quittaient leurs tombeaux. Magistral.

© Alice Blangero

Rom de Yarden Arieli nous emporte dans un solo intense où un jeune homme semble possédé par ses mains. L’apothéose surgit avec Back on Track 61 de Jean-Christophe Maillot, directeur des Ballets de Monte-Carlo, sur le Concerto en sol de Ravel. Douze minutes où des danseurs de tous âges tourbillonnent dans des costumes noirs et blancs d’une grande sobriété. L’esprit de Balanchine plane sur cette pièce où tout est réglé comme un métronome. Une démonstration technique débordante de vitalité. 

Rêves et veillées

Après l’entracte, on enchaîne avec les vidéos et variations des diplômés, puis sur trois créations qui nous transportent littéralement vers d’autres horizons. Rêverie de Roland Vogel, sur une musique de Francis Poulenc nous plonge dans un songe shakespearien : créatures tachetées peuplant nos nuits d’été. Celestial Dust de Julien Guerin nous arrache de la terre ferme pour nous propulser vers les étoiles. Les corps s’élèvent et défient la pesanteur par la seule magie de leur technicité. Puis survient le défi ultime : le Boléro de Ravel revisité par Michel Rahn. Fond rose poudré, costumes bleu pastel, et cette alternance chorégraphique de danse collective savamment orchestrée entre seize garçons et vingt filles. S’attaquer au monument de Ravel relevait du challenge, mais l’académie transforme l’essai en triomphe. La mécanique implacable de la partition épouse parfaitement ces mouvements d’ensemble et nous emporte dans son tourbillon.

© Alice Blangero
À lire également : Opéra de Paris : les petits rats font leur gala

Standing ovation amplement méritée pour ces jeunes virtuoses qui nous ont beaucoup donné en ce soir de gala. Il est toujours émouvant d’assister aux premiers pas de certains danseurs et de voir d’autres prendre leur envol vers d’autres compagnies. Merci à ces petits rats du Rocher de nous avoir mis des étoiles plein les yeux, le temps d’une soirée à Monte-Carlo. La classe…

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