
COMPTE-RENDU – « Pinocchio » a fait lundi 3 juillet l’ouverture du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Un opéra qui emporte le spectateur du rire aux larmes. J’y étais. J’ai adoré !
Un opéra ne s’écrit pas en claquant des doigts. Il aura fallu trois ans au dramaturge Joël Pommerat et au compositeur Philippe Boesmans pour mettre au monde leur « Pinocchio » qui a fait lundi l’ouverture du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Pommerat, qui signe le texte et la mise en scène, a réécrit la pièce à succès qu’il a signée en 2008. Une pièce pour les enfants.
« Pinocchio » en version opéra s’adresse à tous les âges. Les scolaires qui ont assisté aux répétitions fin juin au Grand Théâtre de Provence ont ri de voir s’allonger le nez du fameux pantin de bois. De même pour les adultes lundi lors de la création officielle de l’œuvre. « Pinocchio » est un opéra plein d’humour. Côté musique d’abord : celle de Philippe Boesmans, compositeur belge né en 1936, n’est pas fermée sur elle-même comme la musique classique dite « contemporaine » peut l’être. Elle accueille généreusement les autres musiques : dans « Pinocchio », des improvisations tziganes et jazz s’ajoutent à une séduisante partition symphonique. Une vieille mélodie de Francis Poulenc est allègrement parodiée.
La musique classique fait rire
Dans le texte aussi, l’opéra se moque… de l’opéra : Pinocchio, qui ne veut pas qu’on le traite de pauvre, s’invente une vie de riche : « je suis né dans un manoir, ment-il. J’ai vécu dans la soie et la musique classique » ! On rit mais on pleure aussi car le chemin parcouru par Pinocchio pour devenir un vrai petit garçon est cruel. Les écolos aimeront aussi que la baleine géante qui avale Pinocchio ait « tellement avalé de débris qui traînaient sur la mer », qu’elle est devenue « véritable magasin supermarché » !
La mise en scène de Joël Pommerat et les lumières d’Eric Soyer emportent le spectateur dans un univers à la Tim Burton, un monde onirique où l’absurde et le merveilleux éclairent des émotions intenses. Les chanteurs sont captivants notamment le baryton Stéphane Degout à la voix si claire et la diction si parfaite qu’on n’a pas besoin de sous-titres ou encore la soprano Chloé Briot excellente dans le rôle du « sale gosse » – dixit Boesmans – qu’est le pantin. On est ébloui, au propre et au figuré.
INFOS PRATIQUES
Jusqu’au 16 juillet à Aix-en-Provence. 30 à 270 euros. www.festival-aix.com
Dimanche 9 juillet à 20h sur France Musique et sur http://concert.arte.tv
L’opéra sera repris
– en septembre à l’opéra de Bruxelles La Monnaie
– en octobre à l’Opéra de Dijon
– en mai à l’Opéra de Bordeaux, à cette occasion, j’animerai une conférence de présentation de l’opéra le 2 mai à 18h au Grand Théâtre de Bordeaux.
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