INTERVIEW – Soprano léger, habituée du répertoire lyrique traditionnel, Fleur Mino a choisi pour ses derniers concerts et album d’incarner des rôles de sopranos de Broadway.
Pourquoi avoir choisi le répertoire de la comédie musicale pour votre album French Kiss – Les Sopranos de Brodway et vos concerts au théâtre Trévise ?
Par envie surtout! J’ai été bercée dans mon enfance et mon adolescence par les grandes comédies musicales de Broadway et je rêvais d’interpréter Maria dans West Side Story, Elisa dans My Fair Lady ou encore Julia de Carousel. Ces rôles de jeunes premières ont une vraie épaisseur : tantôt amoureuses tantôt drôles, souvent romantiques, elles sont également un brin fêlées. Ce ne sont pas de « faibles femmes». Étant rêveuse par nature, j’ai du travailler sur ma virilité pour les incarner sur scène. Au Trévise, je suis accompagné de Kevin Amos, pianiste et chef d’orchestre qui a dirigé de nombreuses comédies musicales à Londres et de Jennifer Hardy, une merveilleuse violoncelliste. Cette formation me permet de rentrer dans l’intimité des personnages.
N’avez-vous pas peur que cela vous empêche de revenir dans le répertoire lyrique traditionnel ?
S’enfermer dans un genre, c’est le trahir. J’aime chanter Pamina, Juliette et Eurydice mais mes amours ne sont pas exclusives. Je me souviens qu’au conservatoire, il était difficile de chanter du baroque, comme si Monteverdi et Charpentier ne pouvaient tenir la comparaison avec Mozart ou Rossini. Et depuis, cela a bien changé. Je suis convaincue qu’il va se produire le même phénomène avec les comédies musicales, notamment celles de Broadway : Bernstein, Rodgers, Moore ou Arlen ont composé de très belles œuvres. Et, niveau technique, croyez-vous que chanter les airs de Cunégonde sans micro ne nécessite un minimum de travail ?
Avez-vous ressenti de la misogynie ou du sexisme dans le milieu du chant lyrique ?
(Fleur Mino éclate de rire)
A votre avis ? Un agent m’a dit un jour que si je voulais faire une carrière de chanteuse, je devais être prête à tout. Bien sûr qu’il y a des lourdeaux, mais ce n’est pas non plus la majorité. La plupart de mes partenaires ont été charmants. Alors oui, il m’est arrivé de jouer une scène de baiser avec un ténor dont les mains étaient baladeuses, oppressantes, voire … multiples. Ce n’est pas un moment agréable. Mais je ne suis jamais dit que c’était un misogyne, simplement un crétin. Et je n’ai pas envie de travailler avec des crétins, quitte à perdre une belle production.
Retrouvez Fleur Mino sur scène mercredi 11 avril 2018 au théâtre Trévise, dans le 9ième arrondissement de Paris.
L’album French Kiss est sorti chez Klarthe en juin 2017.