COMPTE-RENDU – Le Quatuor Hanson se produisait en concert mercredi 10 novembre Salle Cortot (Paris), pour la sortie de son deuxième album, Not All Cats Are Grey au label Aparté. L’occasion d’aller voir si, la nuit, tous les chats sont gris… et si ce jeune quatuor, dont nous vous parlions en mars dernier, tient toutes ses promesses.
Souvenez-vous : nous avions consacré un article Boule de cristal au Quatuor Hanson, lui prédisant un avenir radieux. Mais voilà, nous étions alors entre confinement et couvre-feu, et les salles de spectacles restaient désespérément fermées. Impossible donc pour les artistes de se produire sur scène et d’augmenter leur audience.
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Qu’à cela ne tienne, Anton Hanson (premier violon), Jules Dussap (deuxième violon), Gabrielle Lafait (alto) et Simon Dechambre (violoncelle) en ont profité pour enregistrer leur deuxième disque, toujours chez le label Aparté. Ils se sont pour cela rendus au TAP (théâtre auditorium de Poitiers), en avril 2021, afin de graver trois quatuors à cordes majeurs du XXe siècle : le deuxième quatuor à cordes de Bartok, les Métamorphoses nocturnes de Ligeti et Ainsi la nuit de Dutilleux.
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De l’audace, toujours de l’audace !
Rien que ça. Même pas peur, pourrait-on dire. Et ce, après avoir consacré un premier album, All Shall Not Die (Aparté), en 2019 , à Haydn, qui n’est pas vraiment le compositeur au langage le plus moderne : c’est inconscient ou génial. Rassurez-vous : ces quatre musiciens talentueux ne font rien à moitié, étant même soucieux de chaque détail, tout en donnant l’impression de s’amuser.
En enregistrant des quatuors du père du genre quatuor à cordes, ils ont prouvé de manière éclatante qu’ils maîtrisaient à la perfection, malgré leur jeunesse, la difficulté de l’exercice. Une fois les bases bien posées, il ne leur restait plus qu’à rivaliser d’audace, en s’attaquant au répertoire atonal.
Des moyens musicaux et techniques colossaux, une fusion des quatre univers sonores d’une rare acuité
Et là encore, avec l’album Not All Cats Are Grey, la réussite est totale. Un parlando évocateur chez Bartok, une splendeur « bruissonnante » chez Ligeti et une musicalité onirique chez Dutilleux. Ces quatre musiciens ont des moyens musicaux et techniques colossaux, et la fusion de leurs quatre univers sonores est d’une rare acuité.
Du talent, encore du talent
Pour leur concert à Cortot, ils ont proposé le deuxième quatuor à cordes de Bartok en entrée, les Métamorphoses de Ligeti en plat de résistance et le quatuor de Debussy en dessert. Ce fut un vrai bonheur d’y goûter, en communion d’esprit avec les spectateurs, nombreux et enthousiastes. Musicalement, ils peuvent tout dire, au disque comme en concert, et ça ne fait que commencer !