AccueilA la UneRencontres Musicales de Nîmes : après la pluie, le beau tempo ?

Rencontres Musicales de Nîmes : après la pluie, le beau tempo ?

COMPTE-RENDU – Aux Jardins de la Fontaine, les Rencontres Musicales de Nîmes proposent un concert mêlant une sélection de musique de chambre et la Troisième Symphonie de Beethoven, par l’Orchestre Consuelo et les trois directeurs artistiques du festival : Alexandre Kantorow, Liya Petrova et Aurélien Pascal parmi les chambristes à l’honneur.

Les nuages denses et des averses légères accueillent le public à l’heure initialement prévue pour le concert, aléas du plein air… L’incertitude règne alors sur sa tenue mais il a bel et bien lieu, simplement décalé d’une petite heure le temps que le ciel s’éclaircisse afin de préserver les instruments de l’humidité et d’éviter les désagréments de la pluie pendant la représentation. La fraîcheur du climat n’a pas découragé les musiciens ni le public qui est revenu au nouvel horaire. Une fraction non négligeable de celui-ci n’est par contre pas restée après l’entracte.

© Lewis Joly – Rencontres Musicales de Nîmes
Le scintillement de l’étoile Petrova

Après les Jeux Olympiques l’an passé, les pluies estivales semblent décidément s’acharner sur Alexandre Kantorow. Au piano sur les trois pièces chambristes de la soirée (Sonate pour violoncelle et piano de Debussy, Sonate n°1 pour violon et piano de Ravel et Quatuor avec piano n°1 d’Enesco), il propose un jeu évanescent et aérien s’élevant tels les nuages résiduels dans le ciel. Il s’avère trop éthéré pour équilibrer pleinement la fantaisie engagée du violoncelle d’Aurélien Pascal. Au-delà de la légèreté du jeu, un différentiel de volume entre les deux instruments est aussi probablement causé par le système de sonorisation. L’opalescence de l’interprétation pianistique éclaire en revanche, telle une lumière lunaire, les scintillements du violon de Liya Petrova. Sous l’archet de la violoniste, l’instrument offre une palette sonore aussi fine que riche, brillant telle une étoile dont les rayons semblent se transformer au fur et à mesure qu’on les contemple. Le jeu évolue avec une souplesse virtuose. Le travail du son apparaît aussi naturel que précis, offrant des aigus finement ciselés comme des passages puissants d’un éclat intense ou encore des graves chaudement vibrants telle la lueur d’une géante rouge. Liya Petrova et Alexandre Kantorow sont rejoints par l’altiste Grégoire Vecchioni et Victor Julien-Laferrière au violoncelle pour le Quatuor d’Enesco. L’harmonie des cordes confère une profondeur presque nocturne au deuxième mouvement sur laquelle se pose la lactescence du piano. La tenue rythmique appuie l’énergie stimulante du Vivace où se déploient les développements galvanisants du violon.

© Lewis Joly – Rencontres Musicales de Nîmes
Troisième Symphonie : l’héroïsme prend l’eau

Le doute sur le maintien au programme de la Symphonie aura plané jusqu’au dernier moment au vu des conditions. Mais après l’entracte, Victor Julien-Laferrière laisse son violoncelle pour prendre sa baguette de direction à la tête de l’Orchestre Consuelo. Propre techniquement, l’exécution fait la part belle à l’élégance de l’orchestre qui s’illustre dans la fluidité des enchaînements, la reproductibilité des motifs ou encore la rondeur délicate de ses bois. Il en ressort une clarté continue et cohérente qui se maintient au fil de l’œuvre. L’interprétation demeure cependant en surface et refuse d’exploiter le caractère « héroïque » de cette troisième symphonie dédiée à « un grand homme » (à la place de Napoléon qui avait déçu le compositeur). Les reliefs sont méticuleusement émoussés, les attaques de cordes manquent de tranchant, les appels de cuivres sont sans intensité… ôtant finalement tout ce que cette symphonie comporte comme prémices du romantisme. La marche funèbre ne possède pas la solennité qui la caractérise, ni la lueur de l’au-delà pouvant ressortir de l’obscurité. Le Finale n’est lui non plus ni véritablement épique ni triomphant. Les déclinaisons gaiment légères et engagées du motif principal du Scherzo, reprises avec une efficace progressivité, parviennent cependant à imprimer l’esprit espiègle de ce mouvement.

À Lire également : Foster, Petrova, Kantorow - solides, comme la Roque

À l’image du ciel aussi étoilé que nuageux, c’est donc une impression mitigée que laisse ce concert au public resté jusqu’ici. Récompensant la ténacité des musiciens qui ont tenu à présenter l’intégralité de leur programme, il s’attarde quelques instants de plus pour des applaudissements présents bien que parcimonieux avant d’aller vite se mettre au chaud.

© Lewis Joly – Rencontres Musicales de Nîmes
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