COMPTE-RENDU – Les Frivolités parisiennes présentent actuellement au théâtre du Châtelet une comédie musicale en hommage à Cole Porter, compositeur et parolier américain venu chercher amour et liberté dans le Paris des années 1920. Un spectacle génial porté par des interprètes exigeants.
Vous souvenez-vous du film Midnight in Paris, réalisé par Woody Allen ? Le héros, incarné par Owen Wilson, remonte le temps jusqu’au Paris des années 1920, ce Paris censé « être une fête », pour reprendre la formule d’Hemingway. Il y croise la jet set fortunée et délurée de l’époque : Pablo Picasso, Jean Cocteau, Erik Satie, Gabrielle Chanel, Igor Stravinsky, les Ballets russes et un jeune dandy américain souvent planqué derrière son piano : Cole Porter.
Quelle formidable idée de créer un spectacle sur ce personnage étonnant de l’histoire de la musique ! Cole Porter in Paris, comédie musicale jouée jusqu’en janvier 2022 au théâtre du Châtelet, est née dans la tête du metteur en scène Christophe Mirambeau. Elle nous raconte l’histoire du fils chouchouté d’une riche famille américaine, qui débarque à Paris à la recherche d’amour et de liberté. Il trouve et perd vite l’un et l’autre : il est bisexuel et l’époque n’est pas si tolérante que cela, même à Paris.
Truculent
Il raconte tout dans ses chansons : son mariage « lavande » (un mariage de convenance avec une femme qui n’ignore rien de sa bisexualité), sa passion pour un danseur des Ballets russes, son sentiment d’imposture face aux « collègues » George Gershwin, Irving Berlin et aux maîtres de la Schola Cantorum de Paris, prestigieux conservatoire privé qu’il suivra quelques temps. Le tout avec un humour mordant et des mots à double sens, truculent.
Certaines de ses chansons sont devenues des standards – You’re The Top, I Love Paris – mais la plupart de celles que ce spectacle nous fait entendre sont des découvertes, et de vrais bijoux, comme Most Gentlemen Don’t Like Love ou encore Pilot, bourrée d’allusions sexuelles.
Retrouvez notre sélection de spectacles et concerts de fin d’année, ici
Années folles
Cole Porter in Paris coche toutes les cases d’une comédie musicale des années folles : smoking, claquettes, tenues de gala, chorégraphies, casino et piscine chic. Les interprètes sont à la hauteur de ce genre très exigeant, notamment musicalement. Les chanteurs ne sont pas moins de trois en même temps pour incarner le rôle principal, ce qui permet une écriture en contrepoint plus riche.
Il faut ici saluer Matthieu Michard. Ce partenaire de longue date de l’orchestre Les Frivolités parisiennes, cosigne les arrangements et s’installe régulièrement au piano quand il ne chante pas l’un des Cole Porter. Ses collègues instrumentistes, tout aussi époustouflants, naviguent dans ces partitions ni tout à fait jazz, ni tout à fait opérette classique. Mention spéciale pour Benjamin El Arbi, fondateur des Frivolités, qui offre un solo de basson digne des plus grands clubs de jazz.