COMPTE-RENDU – un an et demi après la sortie de leur disque Bach Mirror (Sony Classical), Covid oblige, Thomas Enhco (piano) et Vassilena (marimba) se produisaient salle Gaveau (Paris), pour donner à entendre leur vision bien à eux du répertoire du grand Jean-Sébastien.
Un farfadet malicieux et une libellule exotique
« Ravir : du latin rapere, entraîner avec soi, enlever de force ». Dire que le public a été ravi ou conquis par un spectacle, c’est employer un langage belliciste, ‘ravissement’ et ‘rapt’ ayant la même origine sémantique et ‘conquête’ induisant une volonté d’appropriation par la force. C’est ce qui s’est produit Salle Gaveau jeudi 24 novembre, avec des protagonistes pourtant bien loin des guerriers en armure ! Imaginez plutôt un farfadet malicieux et une libellule exotique venus vous charmer, elle avec ses quatre baguettes magiques et lui avec de la Patafix sur les cordes de son piano.
Elle, c’est la joueuse de marimba Vassilena Serafimova et lui le pianiste Thomas Enhco. A eux deux, ils forment depuis maintenant 13 ans un duo improbable, à la croisée du jazz, du classique et de la world, créant un univers qui leur appartient. À la fois intense et doux, qui ne ressemble à rien de connu tout en semblant étrangement familier.
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Jean-Sébastien Bach, tremplin de la création
Certes, la trame qui sous-tend les morceaux est connue : sonates en trio pour orgue, partitas pour violon, Jésus que ma joie demeure, suites pour violoncelle, aria de la 3ème suite pour orchestre, Clavier bien tempéré… Il n’y a pas de doute, ce sont bien des pièces de Jean-Sébastien Bach. Mais traitées de manière telle qu’elles deviennent des objets sonores d’une évidence et d’une séduction indéniables. Thomas Enhco et Vassilena Serafimova ont la capacité, rare, de créer un univers musical à deux, une trame harmonique ou une idée thématique leur servant de tremplin pour déployer leur talent et leur personnalité musicale bicéphale.
Alors on se laisse emporter, ravir, on ne cherche plus à comprendre ni à analyser et on se retrouve en fin de concert, après une ovation debout et 2 bis, à essayer de sortir d’un rêve enchanteur pour tâcher de retrouver la terre ferme. Chapeau les artistes, et merci !