AccueilA la UneBraque et le groupe des six à Massy

Braque et le groupe des six à Massy

CONCERT – En préfiguration de l’installation prochaine de la Fabrique de l’Art du Centre Pompidou à Massy, l’Opéra de Massy accueille le décor peint par Georges Braque pour le ballet « Salade » en 1924. Sous la direction de Constantin Rouits, l’Orchestre de l’Opéra de Massy offre à cette œuvre de joyeuses retrouvailles avec la musique de Darius Milhaud.

À Massy, Salade fait son entrée…

Installant sa Fabrique de l’Art à Massy à partir de l’été 2026, la Centre Pompidou multiplie ses partenariats avec la ville. Un an après avoir pu admirer le rideau de scène réalisé par Picasso pour Parades d’Eric Satie, le public de l’Opéra de Massy a le privilège de découvrir le décor peint de Georges Braque pour le ballet Salade de Darius Milhaud, créé en 1924. Trois rideaux forment ce décor, de presque 6 mètres de hauteur sur 10 mètres de large, produisant un effet de profondeur tout en provoquant une certaine confusion : les rideaux, particulièrement celui d’encadrement, semblant découpés grossièrement et offrant ainsi une apparence de collage monumental.

Le décor de Braque pour le ballet Salade © AGADP, Paris
Salade : késako ?

Salade, ballet chanté en deux actes, n’eut pas un grand succès et, malgré une seconde représentation au Palais Garnier en 1935, n’a plus jamais été rejoué. Néanmoins, dès 1926, Milhaud en retranscrit quelques extraits en une fantaisie pour piano et orchestre qu’il intitule Le Carnaval d’Aix. Pour l’accompagner, le chef d’orchestre Constantin Rouits propose en première partie de concert une œuvre d’un autre compositeur, grand amateur de peinture et ayant particulièrement admiré le travail de Braque, Francis Poulenc avec sa Sinfonietta.

Poulenc, avant le Néo-classique

Par l’Orchestre de l’Opéra de Massy, l’œuvre néoclassique de Poulenc, composée en 1947, n’est sans doute pas très illustrative du décor, manquant de reliefs et surtout n’offrant pas les profondeurs des différents plans. On aurait souhaité des couleurs plus marquées, voire plus brutes. La gestuelle du jeune chef, souple et toujours élégante, ne manque toutefois pas d’une appréciable sensibilité aux phrasés et d’une intention patente de nuances. Les courtes pièces du Carnaval d’Aix sont pour la plupart énergiques et bien écrites, grâce à une orchestration très maîtrisée, une rythmique inspirée de la musique brésilienne précise et une polytonalité qui apporte toute la saveur d’une harmonie saisissante et ainsi étonnamment colorée.

Salade mixte

Pleine d’humour et ayant gardé son aspect scénique, cette fantaisie est ainsi bien défendue par les instrumentistes. Ils accompagnent le pianiste Simon Ghraichy qui, malgré un piano qui sonne un peu dur, montre un souffle de ses phrasés pertinent et même sensible, évidemment très agile dans certains traits. Cette agilité semble presque un rien trop fougueuse dans un certain temps, Constantin Rouits devant rapidement se montrer maître de l’équilibre entre son orchestre et le soliste. Celui-ci offre en bis The Man I Love de Gershwin, chanson certes d’outre-Atlantique mais datant aussi de ces enthousiastes années folles, avec une sensibilité amoureuse, touchante par sa présence scénique parfois passionnée lorsqu’il est au clavier.

À lire également : La playlist classique de Simon Ghraichy, pianiste
Salade décomposée

Pour finir le concert en fête, l’orchestre propose Le Bœuf sur le toit de Milhaud, malheureusement bien trop sage pour une époque où les artistes ne devaient certainement pas l’être. On regrette aussi les changements de tempi trop souvent hasardeux et des rythmiques, laborieux pizzicati et fades attaques des vents, qui semblent trahir une progressive fatigue des musiciens. Le public massicois ne manque néanmoins pas d’applaudir avec chaleur son orchestre, heureux d’avoir découvert cette musique française peu jouée, surtout devant une œuvre aussi remarquable que celle de Braque.

Demandez le programme !

  • Francis Poulenc : Sinfonietta
  • Darius Milhaud : Carnaval d’aix : Suite symphonique pour piano et Orchestre, tirée du ballet « Salade »
  • Darius Milhaud : Le Boeuf sur le toit
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