AccueilA la UneAkram Khan un brin bavard pour son Jungle Book

Akram Khan un brin bavard pour son Jungle Book

DANSE – On retrouve cette fois Le festival RomaEuropa dans la très belle salle du Teatro Argentina. La compagnie d’Akram Khan investit les lieux avec Jungle Book reimagined. Passée par Paris en mai 2022, la pièce est présentée pour la première fois en Italie avant de poursuivre sa tournée de l’autre côté de l’Atlantique.

On ne présente plus Akram Khan…si ?

Danseur et chorégraphe britannique, directeur de sa propre compagnie depuis 2000, Akram Khan est mondialement connu pour avoir chorégraphié la cérémonie d’ouverture des JO de Londres en 2012. On peut également noter ses collaborations avec Juliette Binoche ou Sylvie Guillem et, plus récemment, sa création Gisèle pour l’English National Ballet, pièce avec laquelle Tamara Rojo a choisi de clore sa carrière de danseuse, a marqué les esprits.

Un préambule inquiétant

Après les dix minutes de retard de rigueur en Italie, les spectateurs sont directement plongés dans une situation de crise. Les bruits des talky-walky des services d’urgence résonnent et l’image de Big Ben et de la Tour Eiffel ensevelis par la montée des eaux est projetée. Le livre de la jungle est ici explicitement transposé dans un futur où Mowgli, personnage désormais féminin serait une réfugiée climatique.

Teaser du spectacle
Une immersion totale

L’usage de la vidéo est un procédé habituel chez Akram Khan. Des images sont diffusées en fond de scène mais également sur un fin rideau transparent au premier plan, dont les animations aux allures de dessin animé sont nombreuses et très bien réalisées par Adam Smith. On y voit projetées tour à tour une tempête, un éléphant ou une petite fille et sa mère. Dans ce décor magique les costumes tranchent par leur simplicité. On s’attendait à des couleurs variées reflétant les différentes espèces d’animaux, mais on découvre des sarouels gris et des débardeurs orange.

Image des projections qui créent un décor riche et varié ©Ambra Vernuccio
L’immersion est également sonore

Beaucoup trop fortes, trop nombreuses et trop longues, les incursions du récit (en anglais sous-titré en italien) paraissent bien superflues. A l’histoire du conte enfantin s’ajoutent des références politiques à la crise climatique actuelle comme le “How dare you ?” de Greta Thunberg. Si l’histoire dans les ballets est généralement une toile de fond, c’est ici tout l’inverse. Outre un discours politique et écologique, la voix off émet des considérations psychologiques : “les réponses sont en toi “, “tu dois découvrir qui tu es”. Mis à part quelques pointes d’humour, tout ça est un peu sentencieux…

À lire également : Bob Wilson a ré-ouvert le Livre de la Jungle
Pente aux mîmes, un peu glissante

La voix off finit par réduire le champ des possibles chorégraphiques. En effet, les danseurs coordonnent parfaitement leurs mouvements et leurs expressions aux paroles. Le discours est mimé avec de grands gestes de bras ou de mains. Cette idée, impressionnante au départ, démontre rapidement ses limites.

Les paroles sont mimées ©Ambra Vernuccio
Et la danse dans tout ça ?

La danse se fait trop rare et même lorsqu’elle pourrait voir le jour, le chorégraphe semble préférer la facilité. Quand une bagarre éclate, on pourrait s’attendre à une chorégraphie rodée composée de portés, de passages au sol… Finalement, seuls quelques gestes de bras traduisent l’altercation.

Silence, je danse !

Mais lorsqu’enfin la voix se tait, la danse peut éclater, et les personnages du Livre de la Jungle prennent vie dans une chorégraphie qui reprend les spécificités de chaque animal. Quelques acrobaties avec des jambes en l’air qui défient la gravité sont remarquables.
Les mouvements de groupe sont particulièrement intenses avec de nombreux accents et suspensions toujours parfaitement synchronisés. Lorsque les dix danseurs se déplacent à l’unisson avec de petits pas sur demi-pointes et avec des jambes pliées avant de déployer leur bras comme des ailes, on pense immédiatement à la chorégraphe Sharon Eyal. La danse des singes avec ses balancements de bras rappelle quant à elle le travail de Hofesh Shechter.

La danse éclate enfin ©Ambra Vernuccio
Une grande question

Cette pièce hybride entre théâtre et danse semble bien trop explicite pour des adultes, la voix off empêchant imagination et émotion. La proposition n’est pas non plus vraiment adaptée aux enfants qui pourraient être effrayés par ces scénarios catastrophes (la pièce est d’ailleurs conseillée à partir de 10 ans). Outre cette question du public cible, ce spectacle interroge : l’écriture chorégraphique ne suffit-elle donc pas à raconter une histoire et faire passer un message ?

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