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L’Africaine à Marseille : cap sur l’émotion

OPERA – Après avoir clôturé en beauté sa dernière saison avec Les Huguenots de Giacomo Meyerbeer, l’Opéra de Marseille récidive avec son opéra posthume : l’Africaine. Reportée par le Covid en 2021, cette nouvelle production ouvre aujourd’hui la saison de l’Opéra de Marseille. Son directeur Maurice Xiberras aime les défis et la musique lyrique française et le prouve une nouvelle fois avec une Africaine de haut niveau qui réunit une distribution vocale essentiellement française.

Vue globale : l’Africaine vogue sans galère

Pour illustrer cette histoire parcourue par les voyages de Vasco de Gama, l’amour que lui porte deux femmes bien différentes -Inès jeune fille noble et fidèle et Selika esclave venue d’Afrique mais reine en son pays-, le mariage du navigateur avec Selika sous l’effet d’un philtre d’amour-, le metteur en scène Charles Roubaud a pris le parti de l’illustration et d’une certaine épure esthétique. Très réussi au plan visuel, le troisième acte qui se passe sur un bateau pris dans la tempête et son invasion par une horde d’indigènes domine la représentation. Autre atout, les  superbes costumes créés par Katia Duflot pour Selika et les saris très chatoyants du chœur féminin. Le public peut ainsi suivre facilement les différents méandres de l’histoire, ce malgré les coupures pratiquées au sein de cet ouvrage fleuve. Seuls les transitions du cinquième acte et ses raccourcis en pâtissent quelque peu. L’ambiance de chaque acte depuis la Cour du Portugal, la scène très accomplie de la prison jusqu’à l’arrivée dans l’île paradisiaque sur laquelle règne Selika s’avère juste et fondée.

Karine Deshayes marche sur l’eau

Après avoir triomphé dans le rôle complexe et redoutable de Valentine des Huguenots, Karine Deshayes ajoute une nouvelle perle à son superbe collier. Légitimement, Selika, rôle-titre de l’Africaine, requiert une voix de soprano d’une plus grande ampleur, plus conforme à une certaine tradition du grand opéra. Mais Karine Deshayes, outre une composition aboutie d’une parfaite sensibilité, privilégie dans son chant l’expressivité et les aspects tragiques du rôle sans en rajouter. L’aigu se déploie sans effort, la voix porte en salle. Le legato tout en nuances donne toute sa singularité à sa prestation touchante. Son interprétation en douceur et en retenue de la berceuse du 2ème acte dite Air du Sommeil, est bouleversante. Même impression lors de la scène finale lorsque la souveraine attend la mort sous l’ombre funeste de l’arbre à poison, dans les bras du fidèle Nelusko qui n’a jamais cessé de l’aimer.

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Karine Deshayes bouleversante, et responsable de la montée des eaux au pied du Vieux Port © Christian Dresse
Point par point : souquez ferme !
  • Nelusko justement, trouve en Jérôme Boutillier un artiste à sa mesure. Outre une diction exemplaire, il confère à son chant toute la ferveur requise que sa voix à la fois puissante et timbrée aux accents puissamment dramatiques vient magnifier. Et quelle énergie !
  • Florian Laconi affronte le rôle de Vasco de Gama avec toute la vaillance et le tonus attendu, même si son chant un peu brutal pourrait être plus modulé.
  • Hélène Carpentier incarne une Inès amoureuse et sensible, au chant parfaitement musical avec quelquefois des aigus un peu tendus tout de même. La beauté de ses demi-teintes enchante sa romance d’entrée Adieu, mon doux rivage.
  • Les autres interprètes centraux de Patrick Bolleire (Don Pedro) à Christophe Berry (Don Alvaro) ou Jean-Vincent Blot (le Grand Inquisiteur) remplissent avec solidité leur office.
Nelusko foudroyé. Tempête dans un bocal © Christian Dresse
En fosse : la vigie Nader Abassi

Placé à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, Nader Abassi -qui a remplacé presque en dernière minute le chef prévu-, donne beaucoup de relief à la partition et à la musique de Meyerbeer. Sa vision ample et pleine de couleurs apporte un soutien sans faille au plateau vocal. Le Chœur, avec le départ d’Emmanuel Tenque, semble moins précis qu’à son habitude, mais la préparation de Christophe Talmont a tout de même globalement porté ses fruits. Malgré un public un peu clairsemé en cette première, le succès fut indéniablement au rendez-vous.

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