CONCERT – L’Orchestre National du Capitole propose une soirée en trois parties à la Halle au Grains autour d’œuvres d’origines nordiques : Suède, Norvège, et Danemark. Le tout sous la direction de Ryan Bancroft, avec la participation d’une célébrité Toulousaine : Bertrand Chamayou.
Suédois méditerranéen
Le concert commence en découverte totale, avec la création française de Liguria d’Andréa Tarrodi, compositrice suédoise née en 1981. Une œuvre profondément cinématographique inspirée par un séjour dans la méditerranée. De riches paysages se créent dans l’imagination au son de textures orchestrales majestueuses, trémolo aux cordes, nappes sonores des vents, vrombissement de timbale… le tableau suivant se distingue par un solo de hautbois et l’emploi de gongs frottés pour des sonorités inhabituelles, véritable voyage entre un ciel nuageux de Méditerranée, ses vagues tantôt lascive ou tempétueuses et les profondeurs sous-marines. Tout est nappé, textural, digne d’une peinture impressionniste, tantôt réminiscente des couleurs de Debussy, sinon de Philipp Glass par l’empilement de cellules ou d’ostinato (motif musical joué en boucle)… Une belle entrée en matière qui nous transporte dès les premières notes !
L’enfant du pays en Norvège
Changement de plateau et retour en terrain connu avec l’indémodable Concerto pour piano en la mineur de Grieg, majestueux, dramatique, virtuose : un grand concerto romantique ! La suite de ce voyage en compositions scandinaves voit le retour d’un enfant du pays Toulousain : Bertrand Chamayou, qui interprète de façon magistrale ce concerto contrasté et ses mélodies si reconnaissables. Il exécute cette performance athlétique avec une intensité, un phrasé et une finesse très appréciés, des grandes suites d’octaves forte d’un allegro diabolique aux couleurs très jazzy du deuxième mouvement. Le troisième mouvement emprunte clairement aux musiques et danses traditionnelles norvégiennes, autre penchant de cette expédition scandinave.
Immense succès pour ce milieu de programme et son soliste : les rappels sont (très) nombreux et soulignés d’exclamations enthousiastes ! Le pianiste Toulousain propose un bis « pas scandinave mais nordique tout de même puisque originaire de St-Petersbourg ». Une mélodie de Glinka aux airs de musique traditionnelle : l’alouette, arrangée pour piano solo par Balakirev. Un moment d’une grande sensibilité.
À lire également : L’interview perchée de Bertrand Chamayou
« L’inextinguible » : Symphonie Danoise
La symphonie n°4 de Carl Nielsen veut illustrer « Les sources les plus profondes du flux vital et le bonheur de sa perception ». Cette force de vie est largement sentie tout le long du concert dans l’énergie et la passion de Ryan Bancroft, qui illustre, dirige et infuse toute l’énergie et la puissance de ces musiques dans sa gestique. Cette symphonie «L’inextinguible » est marquée par une grande diversité d’effectifs : si l’orchestre a (bien sûr) de nombreux moments tuttis, tous les pupitres ont également l’occasion de passer sur le devant de la scène, et certains instruments (basson, flûte, clarinette) peuvent se faire entendre un peu plus. Un retour aux sources primordiales pour finir ce voyage, qui s’achève dans un véritable duel de timbale pour un effet des plus éclatant!
Ce titre accrocheur promettait des paysages scandinaves : mission accomplie mon capitaine ! Le public est transporté par cette carte postale, ses panoramas et ses tableaux divers !