LIVRE – Le centenaire de la naissance à New-York de Maria Callas se rapproche (2 décembre 2023) et les hommages les plus divers commencent à se succéder. Le livre biographique de Jean-Jacques Groleau ne se veut pas exhaustif sur le sujet. Il s’agit plutôt d’un hommage objectif, serein et expert sur la trajectoire d’une cantatrice et d’une personnalité hors du commun.
L’auteur : un habitué, 100% bio
Agrégé de lettres classiques, administrateur artistique au sein des plusieurs grandes institutions musicales françaises, Jean-Jacques Groleau a publié plusieurs biographies d’importance : Sergueï Rachmaninov ou Vladimir Horowitz, tout en collaborant activement à des ouvrages collectifs comme le si précieux Dictionnaire Richard Wagner, le tout aux Editions Actes Sud.
Jean-Jacques Groleau développe en premier lieu et de façon circonstanciée les années de jeunesse et de formation de Maria Callas, entre les Etats-Unis et la Grèce. Il souligne les efforts inouïs déployées par cette jeune femme alors très replète, voire disgracieuse et profondément myope, pour réussir. Toujours la première arrivée aux cours et la dernière partie, elle parvint à domestiquer une voix jugée laide par beaucoup, mais d’une sidérante étendue. De fait, elle n’entrait réellement dans aucune des catégories vocales existantes. Pour autant et non sans difficultés, elle parvint à paraitre en public dès l’âge de 15 ans, mais devra attendre La Gioconda au Festival des Arènes de Vérone en 1947 pour qu’un premier pas vers la consécration s’accomplisse.
La mue d’un papillon
Grâce à sa professeure révérée Elvira de Hidalgo, une soprano d’origine espagnole, elle-même belcantiste consacrée et célèbre Rosine du Barbier de Séville dans les premiers années du 20e siècle, Maria Callas parvint à assouplir cette voix rétive, à s’imprégner de toutes les ressources du bel canto et à leur redonner toutes leurs lettres de noblesse. Dans le même temps, s’opérait une transformation physique spectaculaire en parfaire adéquation avec le répertoire romantique nouvellement abordé.
Jean-Jacques Groleau, tout en déclinant les grands moments d’une carrière à nulle autre pareille, suit les évolutions de la voix de Callas, de son zénith à son déclin, sans langue de bois ou tergiversations inutiles. Il parvient à traduire l’essentiel, retournant aux sources mêmes de la carrière de la cantatrice, et au plus près d’une vérité souvent malmenée, notamment par la presse people d’alors. Maria Callas, on le sait, a beaucoup enregistré pour le disque et de nombreux « live » ont été par ailleurs captés. Jean-Jacques Groleau livre ses propres choix sur les meilleurs ou les plus représentatifs d’un art accompli.
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Dialogue posthume
Initié par André Tubeuf, le projet mené à bien par Jean-Jacques Groleau met en exergue comme préface le texte consacré à Maria Callas par notre confrère -disparu il y a deux ans maintenant- et intitulé Une voix, un visage, un mythe, paru dans son livre L’Offrande Musicale publié en 2007 chez Robert Laffont. Les deux textes se répondent au mieux et s’entrecroisent sans pour autant s’annihiler bien au contraire !
Le livre passionnant de Jean-Jacques Groleau Maria Callas vient de paraitre aux éditions Actes Sud (21 euros TTC).