DANSE – Si la première de Rossini & Rossini a été annulée suite aux grèves autour du statut des salariés de maisons d’opéra italiennes, on retrouve la création de Mauro Bigonzetti un dimanche après midi à l’Opéra de Rome.
Mauro Bigonzetti
Le chorégraphe italien, formé à l’école de danse de l’Opéra de Rome, rejoint la compagnie comme danseur avant de devenir chorégraphe et directeur de la troupe Aterballetto. Passé également par la direction du ballet de la Scala, il a chorégraphié pour de nombreuses compagnies, notamment l’English National Ballet et le New-York City Ballet.
Musique, maestro !
Le chorégraphe choisit de rendre hommage au compositeur italien Rossini, découvert lorsqu’il était élève de l’école du ballet de Rome. Il reprend des extraits de diverses œuvres (La Cenerentola et Les Péchés de vieillesse notamment). Pour ce programme, l’orchestre de l’Opéra de Rome est accompagné par des chanteurs dont quelques-uns du Programme Jeunes Artistes. Certains airs du compositeur sont bien connus du public italien qui les fredonne parfois. Quel plaisir de retrouver de la musique live pour le ballet !
Décor mini, scéno maxi !
A l’ouverture du rideau le public laisse jaillir son émerveillement pour les costumes. Les tutus colorés et lumineux rappellent les plus beaux vitraux des églises de la capitale.
Le décor, projeté sur les écrans géants qui bordent la scène, sera tour à tour un château, un tableau, un arbre rouge en forme de cœur… Seul un élément sera physique : une immense table qui permettra de sublimes scènes de groupe.
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La danse
Les tutus et les pointes de la première scène nous ont mis la puce à l’oreille : ce sera un ballet néo-classique. On retient notamment les piqués avec les bras derrière le dos ou les gargouillades (saut ressemblant fortement à ceux des grenouilles par le repli des jambes). La trentaine de danseurs offre une nouvelle fois une technique irréprochable, démontrant notamment leur souplesse et leur sens du groupe. Si les portés sont très difficiles et nous font serrer la mâchoire, ils passent sans difficulté. On pourrait seulement regretter un manque de spontanéité dans la danse, mais qui viendra sûrement au fil des représentations.
On aime
- Les scènes de groupes et notamment celle où les danseurs assis autour de la table se lancent dans des mouvements de tête, de bras et de coudes subtilement habillés par la lumière qui change d’intensité (0’02).
- Le duo (0’39) presque nu au sol, très lent et requiert une précision de chaque instant, avec de sublimes portés en équilibre. Un moment suspendu de peau à peau au son du piano.
- Les variations masculines avec de nombreux sauts virtuoses. Comme la danseuse, nous ne savons pas lequel choisir, parmi les trois danseurs qui se succèdent pour un solo de séduction accompagnés par le chant…
On aime moins
- Pourquoi deux personnages viennent devant le rideau pour nous donner une recette de maccheroni ?
- Une danseuse après l’entracte passe sur la pointe des pieds, son tutu à la main avant de le donner à l’homme qui la surprend… Veut-elle faire comprendre aux spectateurs qu’il est temps de se taire ?
- Ou encore deux danseurs qui se mettent à chanter.
- Les nombreuses courses sur la fin du spectacle questionnent.
Et les émotions dans tout ça ?
Le ballet est enjoué, jouant notamment sur les clichés italiens : les femmes qui se coiffent pour plaire ou s’émerveillent de goûter un gros gâteau à la crème, ou encore les danseurs prêts à tout pour séduire…
La pièce manque d’un peu de relief. Belle et parfois drôle, les autres émotions promises dans le livret ne sont pas vraiment au rendez-vous. Le public de la première est nettement plus enthousiaste que celui de l’avant-première, réservée aux jeunes, et acclame les danseurs, chanteurs et musiciens.