DANSE – Pour le dernier spectacle de sa saison, le festival Dance Reflections de Van Cleef & Arpels invite à New York la troupe sénégalaise de l’École des Sables, afin qu’elle pour présente le Sacre du Printemps de Pina Baush. À la recherche d’un Common Ground[s], pièce présentée avec Le Sacre, on se laisse emporter dans la tempête d’émotions d’une soirée à l’intensité rare.
Rituels
Œuvre incontournable du répertoire contemporain, le Sacre du Printemps a donné lieu à de nombreuses interprétations. Pour cette vetdion, l’École des sables a choisi de revenir à ses racines, c’est-à-dire à la terre. Sur scène, de la tourbe brune et omniprésente, pour tisser et symboliser ce lien mystique noué entre l’École des sables et Pina Baush. Cette production du Sacre du Printemps reprend en effet la chorégraphie phare de la danseuse du Tanztheater, groupe expressionniste allemand prônant la « danse-théâtre », transmise à une troupe de danseurs formée pour l’occasion par la danseuse Clémentine Deluy dans le cadre de l’École des Sables, centre de danse contemporaine au Sénégal. Entre la modern dance allemande et des danseurs venant de tout le continent africain, la magie opère alors.
Au cœur de ce sortilège, un couple de merveilleuses sorcières, tour à tour divinités ou simples femmes : Germaine Acogny et Malou Airaudo. La directrice de l’École des Sables et l’ancienne danseuse de « Pina » nous propose alors un duo des origines, Common Ground[s], qui scelle sur scène une amitié artistique criante, par delà les styles et les inspirations. Précédant Le Sacre, ce doux duo sert de catalyseur, nous invitant à envisager la tendresse face à la violence, mais nous permettant aussi de nous mettre au même niveau, en common ground avec les danseurs.
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Les éléments du succès
Même si, dans un contexte post Me too, le Sacre du Printemps de Pina Baush prend forcément une tonalité particulière, l’Ecole des Sables arrive ici à nous faire voir autre chose. Loin d’effacer le message de domination masculine explicite qu’expose Pina Baush, notamment dans le rôle de l’ « élue » (la jeune choisie pour le sacrifice), cette version de l’École des Sables semblent faire corps avec les origines de l’œuvre, c’est-à-dire la version de Nijinski en 1913, pour redevenir un sacrifice – terrible – aux éléments.
A l’Armory de New York, on sent alors littéralement l’eau – la sueur ou les larmes des danseurs exténués -, le vent – dans un mouvement qui prend ici une puissance rare -, le feu – de l’énergie brute des danseurs -, et encore et toujours la terre, qui se mêle aux autres éléments et macule les robes et pantalons des danseurs. Sur la musique de Stravinsky, c’est une douce transe qui prend finalement le public.