DANSE – Dans le cadre du festival Dance Reflections de Van Cleef & Arpels à New York, Dimitri Chamblas présente sa création takemehome, écrite à quatre mains avec la rockeuse américaine Kim Gordon. Sur scène : neuf danseurs et un (Led)zeppelin.
Le rock a volé au-dessus de New York
En investissant le NYU Skirball, à deux pas de Washington Square, Dimitri Chamblas et sa troupe ne sont pas si loin de Madison Square Garden, où le groupe de rock britannique Led Zeppelin donnait un de ses concerts cultes en juillet 1973. Pourtant il ne s’agit pas ici de Led Zeppelin, mais bien d’un zeppelin, le ballon dirigeable, suspendu sur la scène comme une présence mi-amicale mi-dangereuse, surplombant les danseurs ou se mêlant (dansant ?) à eux. Le rock est pourtant bien là, lui aussi : cinq guitares électriques sur scène, avec lesquelles les danseurs jouent, reproduisant jusqu’à la saturation l’intensité technique et sonore du rock. On peut compter sur Kim Gordon, figure du rock alternatif californien, pour orchestrer avec Dimitri Chamblas un spectacle intense et fort. Loin du désastre du Hindenburg en 1937 (le zeppelin explosant à cause d’un trop-plein de gaz contenu), lorsque le zeppelin de Chamblas & Gordon se dégonfle, il ne laisse place qu’à la musique et à la danse.
Hors sol
Dans cette nouvelle création, composée entre l’Europe et la Californie, le chorégraphe Dimitri Chamblas laisse place à neuf danseurs, comme neuf personnalités indépendantes, qui tentent de se rencontrer, mais surtout, s’évitent, dans une chorégraphie qui s’envisage davantage comme une exploration. Ces neufs éléments « extra-terrestres » permettent alors d’envisager des dynamiques et des styles bien différents. Derrière chaque danseur, on reconnaît des traditions artistiques différentes, danse classique, hip-hop ou krump, et le danseur burkinabé Salia Sanou se fait remarquer dans la scène conclusive du spectacle, quand son solo, mêlant danse contemporaine et mouvements de danse africaine, nous invite à envisager autre chose.
Des OVNI de la danse
Si ce spectacle est définitivement extraterrestre, c’est aussi que Dimitri Chamblas, en collaboration avec Kim Gordon, réunissent un casting de véritables stars de la danse, en les laissant explorer d’une manière toute personnelle cette séquence postapocalyptique de 55 minutes, où la différence devient source de communion entre eux. On note ainsi la présence de Marion Barbeau – danseuse de l’Opéra de Paris, révélée au cinéma dans En Corps -, Marissa Brown – danseuse contemporaine basée à Los Angeles -, Eli Cohen – performeuse aux confins des genres -, Bryana Fritz – danseuse marquée par la tradition classique mais aussi par ses études à l’école P.A.R.T.S à Bruxelles -, Pierrick Jacquart – danseur hyperclassique qui s’aventure ailleurs -, François Malbranque – mêlant technique classique impressionnante et transformation physique sur scène -, Jobel Medina – une physicalité immense, mais aussi technique -, Salia Sanou, et Kensaku Shinohara – plus discret mais lui aussi intense.
takemehome devient alors un appel à la communauté et à la communion dansée – hors sol, dans le zeppelin.