Mais non !! Messie…

CONCERT – Dans le cadre de la saison des grands interprètes, la Halle aux Grains de Toulouse reçoit le chœur accentus et l’Insula Orchestra (instruments d’époque) dirigés par leur fondatrice Laurence Equilbey. Ils donnent le Messie de Haendel en compagnie des solistes Sandrine Piau, Paul-Antoine Bénos-Djian, Stuart Jackson et Alex Rosen.

Simple, basique : sobre

Laurence Equilbey a choisi de ramener le Messie de Haendel à ses racines. Loin des emphases et des élans capiteux de l’opera seria et encore plus des interprétations romantisées à grands renforts de masses chorales. La sobriété de l’interprétation rappelle l’origine de cet oratorio, créé dans une modeste salle dublinoise, Haendel le destina jusqu’à sa mort exclusivement à des concerts de charité. Les volumes de l’orchestre sont très modérés voire parfois faibles. Les rythmes sont d’une régularité impeccable et la netteté de chaque note bien tranchée. Pas question de s’attarder dans le phrasé d’une ligne chorale ou instrumentale, même pendant le célébrissime Hallelujah donné tambour battant.

L’orchestre est parfois mécanique, le temps que tout s’échauffe ! La chaleur de certains passages accentués n’en demeure que plus remarquable comme les attaques de cordes dans le premier air d’alto ou encore le tutti final. Cette lecture fait aussi écho aux convictions religieuses du compositeur qui était piétiste Luthérien. Cette branche du christianisme rejetait en effet l’excès de luxe et d’esthétisme dans les représentations chrétiennes. Cette retenue voire cette austérité diraient certains, correspond donc très probablement à la volonté initiale d’Haendel qui a été déformée ensuite par les  lectures successives.

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Les doigts de fée de Laurence Equilbey
Laurence Equilbey © Julien Mignot

 Une attention particulière est portée aux harmonies : les pupitres sont aussi bien distinguables que coordonnés. Laurence Equilbey tisse les fibres en une toile raffinée. La puissance du chœur est globalement supérieure à celle de l’orchestre : il n’est pas rare que les voix tirent les instruments. L’articulation entre les pupitres est bien coordonnée et la diction des choristes efficace.

  • Du coté des solistes, le contreténor Paul-Antoine Bénos-Djian dévoile sa virtuosité dès son premier air avec une souplesse agile dans les effets et un souffle impressionnant. L’ambitus est large, les aigus limpides et les graves opalins.
  • La basse Alex Rosen présente une voix forte et bien posée sur les temps. La diction est très compréhensible et il véhicule de l’émotion au public en adaptant le ton au fil du texte. Il montre également son habileté dans les mélodies. Le souffle est long ce qui permet d’intensifier la voix sans faiblir le long des lignes de chant.
  • La soprano Sandrine Piau expose au public les couleurs de son timbre cristallin. Les notes sont stables et tenues. Elle agrémente sa voix avec élégance.
  • Le ténor Stuart Jackson après un premier air compliqué où le souffle et le volume font défaut, ce qui conduit à l’étouffement des fins de phrases et à forcer l’orchestre à s’adapter, reprend de la vigueur sur les parties suivantes. Même si le volume y demeure faible, la meilleure fluidité de l’ensemble laisse la place à quelque moment de poésie. 

Le public n’a par contre lui pas fait dans la sobriété pour applaudir après le final. Les artistes ont été chaleureusement accueillis. Ils ont donné en bis l’Hallelujah avec probablement encore plus d’énergie que la première fois. On en revoudrait encore !   

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