CONCERT – Le cadeau de Noël de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine a son public est spécial cette année : habitué à suivre les prescriptions de répertoire sagement assis dans son fauteuil, le spectateur a eu pour une fois dans l’année l’opportunité de choisir le programme ! Mais comment mettre d’accord 1400 personnes autour d’un choix artistique, subjectif par définition ? Par le vote bien sûr !
Réparti en 7 sous-ensembles thématiques résonnant avec Noël, le concert se passe comme suit : pour chaque thématique, trois choix seront proposés, et c’est un vote à main levée qui décidera laquelle sera jouée. Ce qui implique bien sûr que chacune des quatre séances du spectacle soit différente des autres. Original ! À moins que le choix du public ne plébiscite à chaque fois la même musique… Comme les musiciens de l’ONBA dans leur salle de pause, on a fait nos pronos !
Ouvertures : Les Noces de Figaro vs La Force du Destin vs Le Hollandais Volant
Cote : 2 contre 1
Mozart, chouchou des publics à travers le monde, ouvrira immanquablement le concert avec ses Noces de Figaro. Le trait de basson virtuose dans les premières mesures, la joie extatique et l’agitation permanente donneront bien le ton de cette soirée festive.
Perdu ! Le public a préféré la tragique et déchirante Force du Destin de Verdi. Pas très Noël comme choix, mais en même temps, 2023 n’a pas été une folle journée… Désolé Wolfgang !
Symphonie : Symphonie du Nouveau Monde vs 7ème de Beethoven vs 4ème de Brahms
Cote : 1,5 contre 1
Comment ne pas choisir l’icône du répertoire classique, signée Dvorak ? Si des supporters des girondins de Bordeaux étaient dans la salle, ils reconnaitraient l’un de leurs chants, basé sur ce thème célébrissime.
Gagné ! Pareil ici, on est pas dans Noël, mais après tout : un immigré venant des pays froids américanisé qui s’introduit dans tous les foyers du monde, Dvorak est le Père-Noël de la musique quelque part…
Lent et poétique : Pavane pour une infante défunte de Ravel vs Nouveau Monde de Dvorak vs Adagietto de la 5ème de Mahler
Cote : 6 contre 1
Maurice Ravel est le représentant idéal pour cette catégorie. Né au pays basque, il est un peu le local de l’étape, et sa Pavane pour une infante défunte, délicate et lyrique à souhait sera assurément le choix du public.
Gagné ! Bon par contre, le tempo choisi par le chef du jour Emmanuel Villaume, c’est tout sauf un cadeau… Les pupitres de cors auront besoin d’une deuxième paire de poumons pour Noël…
Grands Choeurs : Va pensiero de Verdi vs Air des cigarières de Carmen vs Choeur des paysans de Tchaïkovski
Cote : 1,25 contre 1
Verdi est un monument de l’Opéra, et son fameux “Chœur des Esclaves”, extrait de Nabucco est un grand classique. Sorte d’hymne italien de substitution, il est régulièrement chanté par le Chœur de l’Opéra de Bordeaux, qui le connaît sur le bout des doigts !
Perdu ! Un peu poussé par le présentateur Jean-Michel Dhuez, qui avait peut-être un peu marre d’entendre le tube du siècle, le public a opté pour le choeur des paysans de Tchaïkovski (Eugène Onéguine). Bonne occasion de réveiller les chanteurs du choeur de l’Opéra de Bordeaux qui commençaient à piquer du nez, assis sur leur chaise depuis le début de concert. Un peu de russe prononcé dans les règles de l’art, et une découverte sympathique pour le public.
Sound of Winter : Finlandia de Sibelius vs l‘Hiver des Quatre Saisons de Vivaldi et Dans l’antre du Roi de la Montagne de Grieg (Peer Gynt)
Cote : 10 contre 1
C’est la grosse cote de la soirée, quand on connaît les autres propositions ! En face de l’Hiver de Vivaldi et du Peer Gynt de Grieg, ce poème symphonique de Sibelius est pourtant le plus évocateur de l’hiver romantique que l’on attend pour les fêtes.
Gagné ! Après tout, la Finlande, c’est le pays du père Noël, non ? Allez, par ici la monnaie…
Danses Festives : L’ouverture de Die Fledermaus vs Prélude de l’acte II de Carmen vs la Bacchanale de Samson et Dalila
Cote : 4 contre 1
Les fêtes, c’est aussi le concert du Nouvel An ! Ambiance viennoise donc, avec cette opérette de Johann Strauss, légère à souhait. Comment résister à l’appel de la valse…
Perdu ! Gros tube de Radio Classique qui retransmettait le concert, la Bacchanale de Samson et Dalila est une danse en l’honneur de Bacchus, dieu du vin des romains. À Bordeaux, rien d’étonnant. On s’en veut presque de pas l’avoir vu venir…
Songs of Christmas : Hallelujah du Messie de Haendel vs L’Enfance du Christ de Berlioz vs Oratorio de Noël de St-Saëns
Cote : même pas la peine…
Pour finir en beauté, quoi de mieux que cet Hallelujah – dont tout le monde est capable de chanter les premières mesures – extrait du Messie, un oratorio célébrant la naissance de l’enfant Jésus. En un mot : Noël !
Gagné ! On soupçonne choeur et orchestre de n’avoir même pas ouvert les deux autres au moment de répéter le programme…
À lire également : Mais non... Messie !
Résultat des votes :
- Mozart – Les Noces de Figaro – ouverture
- Dvorak – Symphonie du Nouveau Monde – Allegro con fuoco
- Ravel – Pavane pour une infante défunte
- Tchaïkovski – Choeur des paysans
- Sibelius – Finlandia
- St-Saëns – Bacchanale de Samson et Dalila
- Haendel – Hallelujah du Messie
Résultat de nos pronos : 4 gagnés, pour 3 perdus. Avec autant de tubes dans le programme, on remercie même le public pour sa curiosité. Qui a dit que les amateurs de classique étaient prévisibles ?
Malheureusement ce concert n’est plus disponible en rediffusion sur Radio-Classique (alors qu’il était annoncé comme accessible jusqu’au 11 janvier).
Les choix du dimanche 17 décembre après-midi étaient légèrement différents :
1°) Verdi (Force du destin)
2°) Brahms
3°) Dvorak
4°) Verdi (Va pensiero)
5°) Grieg
6°) Saint-Saëns
7°) Haendel
Premier « encore » : Carmen
Second « encore » : Chauve-souris.
Bravo pour vos comptes rendus toujours pertnents et empreints d’humour.
Cordialement
Alain