DANSE – Après le succès de Tutu créé il y a dix ans et qui ne cesse de tourner depuis, la compagnie Chicos Mambo revient avec sa dernière création : Car/Men. Une pièce qui donne le sourire, à retrouver jusqu’au 4 février au Théâtre Libre à Paris, avant la poursuite d’une tournée en France et à l’étranger.
Comme dans Tutu, la distribution est entièrement masculine : 8 danseurs et 1 chanteur. Pour reprendre Carmen, le chorégraphe Philippe Lafeuille compose avec humour un savant mélange de hits d’opéra et de danse tout en jouant avec les clichés du masculin, du féminin et de l’imaginaire hispanique.
Carmen ? Un homme ?
Le rideau s’ouvre sur 9 silhouettes cagoulées, vêtues de combinaisons blanches à pois rouges ton sur ton avec le fond de scène. Puis sur une musique disco, les interprètes défilent et révèlent leurs visages masculins : les neuf interprètes désormais torses nus dévoilent des corps musclés, parfois tatoués, ce qui ne les empêche pas de porter des jupes et de se déhancher…
L’univers de l’héroïne cigarière est bien présent : les danseurs fument le cigare avant de tousser pour nous rappeler que “fumer tue”… Chacun concourt pour le rôle-titre de la Carmencita en enchaînant de très courts solos, comme dans un battle. Le chanteur interprète en même temps Don José et Carmen, grâce à un costume qui de face est celui d’un homme et de dos celui d’une femme. La pièce reprend les grands airs de l’opéra de Bizet, interprétés par Rémi Torrado. D’autres styles musicaux s’entremêlent avec des sons plus orientaux, ou un peu de disco…
Et bien, dansez maintenant !
La chorégraphie mêle aussi les styles : acrobatie (poirier), hip hop (figures au sol et mouvement de vague avec les bras), classique (pirouettes et sauts : brisés-volés et grands jetés) et néo-classique (déboulés bras seconde et tours en dedans, déhanchés à la Forsythe). Les moments de danse plus abstraits et sérieux s’intègrent bien à l’ensemble. Un solo face au taureau est très réussi.
Carmen, jeu d’rôle !
Le talent du chorégraphe est aussi celui de faire rire l’ensemble du public. Scène mémorable : les mimes des grandes variations classiques (plutôt clin d’œil au ballet Don Quichotte qu’à l’opéra Carmen…) où trois danseurs se battent pour être le soliste le plus regardé… Les spectateurs s’identifient aussi comme public ou comme danseur dans la scène représentant le spectacle de fin d’année où quatre fleurs regardent en coulisse le professeur qui mime l’enchaînement, envoient un bisous à leurs parents dans la salle, ou ont une envie pressante…
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Le reste…
À vous de le découvrir ! Petit avertissement tout de même : la salle du Théâtre libre n’étant pas suffisamment inclinée dans les premiers rangs, vous seriez sûrement mieux en mezzanine ou au premier balcon.