OPÉRA – Présentée en version concertante et sous forme de semi-opéra, la version inédite de 1736 d’Acis et Galatée de Hændel vient s’inscrire dans le cadre des belles heures musicales de la Salle Cortot.
Depuis les toits de Paris
Notre interview perchée du 30 janvier permettait une première approche de cette version spécifique d’Acis et Galatée. On y rencontrait deux des protagonistes centraux de cette redécouverte : le baryton-basse Alexandre Baldo interprète du rôle du cyclope Polyphème et Chloé de Guillebon, claveciniste. Le compositeur est parti de la version de 1731/1732 de l’ouvrage en modifiant plusieurs numéros et en attribuant le rôle d’Acis à un ténor. Le rôle de Polyphème a été retravaillé pour une voix de basse plus centrale, entre le baryton et la basse, avec une nouvelle scène brillante et virtuose. Il profite de l’occasion pour recycler sa fameuse cantate italienne Mi palpita il cor.
La version passée de l’anglais à l’italien est représentée Salle Cortot sans les personnages secondaires, ni les chœurs. Il reste à souhaiter que la partition complète de cette pastorale intime puisse être donnée ailleurs, pour se faire une idée plus décisive de l’ouvrage dans cette nouvelle dimension. Pour pallier à ces inconvénients, l’équipe artistique a demandé à la comédienne Jeanne Vitez de lier les parties musicales par la lecture de textes qui se réfèrent au mythe d’Acis et Galatée. Elle donne une juste dimension émotionnelle aux textes habilement choisis chez Maupassant, Victor Hugo, Ovide et même François Truffaut (Le Dernier métro).
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Depuis la Salle Cortot
La partie orchestrale est confiée au dynamique Ensemble Mozaïque mené depuis son instrument par la remarquable claveciniste Chloé de Guillebon. Un ensemble un peu étoffé pour l’occasion, avec deux violons, un alto, un violoncelle, un théorbe, un traverso, deux hautbois et un basson. Le résultat apparaît à la hauteur des attentes, chaque musicien donnant son meilleur dans une recherche constante d’unité et de précision. Dans le rôle du cyclope Polyphème qui a des vues sur la belle Galathée, le jeune baryton-basse Alexandre Baldo impressionne. Outre une projection qui paraît démultipliée dans la petite Salle Cortot, il habite son rôle avec une ferveur indéniable. Sa voix particulièrement riche, au timbre sombre et chatoyant, démontre une homogénéité déjà bien acquise et une virtuosité présente, mais qui peut encore très certainement s’assouplir et se peaufiner.
La soprano autrichienne Maria Ladurner campe une Galathée de qualité, offrant au rôle un phrasé délicat et un sens certain à l’ornementation, brillante dans les effluves de l’aigu. Il manque peut être à sa prestation comme un parfum d’italianité. La voix du ténor Marco Angiolini met à peu de temps à s’échauffer avec ensuite un déficit d’éclat et de projection. Il sait faire montre d’agilité pour autant et il incarne un Acis tout en sensibilité. Une soirée chaleureusement saluée par le public présent pour cet Acis et Galatée révélée. À refaire !