CONCERT – A l’auditorium de Radio-France, en ce samedi d’avril, la jeune percussionniste Adélaïde Ferrière s’associe à l’organiste François Espinasse pour un programme éclectique mêlant transcriptions de Bach et créations contemporaines : combinaisons audacieuses célébrant l’alliance toujours renouvelée de l’air et de la matière.
Cast sans Diva
Drôle de duo que celui d’une percussionniste de vingt-sept ans, miroitante de paillettes argentées, et de l’organiste titulaire de Saint-Séverin, vêtu d’un noir de fonction. La jeune star, nommée Révélation Soliste Instrumental des Victoires de la Musique Classique, n’a peur de rien. L’organiste titulaire non plus. À l’un comme à l’autre, le public – restreint mais enthousiaste – réserve un accueil chaleureux.
Chronologie défrisée
Au programme : J.S. Bach, Thomas Lacôte, Betsy Jolas, Michael Jarrell, Rikako Watanabe. Les différentes alternent sans souci de la chronologie. Le répertoire côtoie les transcriptions et le baroque tutoie le contemporain. Adélaïde Ferrière et François Espinasse se partagent la scène à tour de rôle, offrant au public le plaisir de découvrir les richesses de la percussion soliste, tout comme l’éventail des possibilités de l’orgue dans le répertoire contemporain. Pour compléter le tableau, quoi de mieux que de proposer, en bis, une petite valse néo-classique ? L’alliance orgue-marimba n’a pas fini de traverser les genres.
Mystique rotative
De ce concert un peu patchwork, se dégage une étonnante vitalité. L’esprit musical y souffle comme il veut, sans souci des conventions. Bach revisité au marimba s’entend sous un jour nouveau : la recherche sur les timbres serait-elle finalement si opposée au contrepoint ? Quant aux créations contemporaines, elles prennent, jouées par cet effectif inhabituel, des couleurs mystiques. “La Nuit sera calme”, “Musique de jour”, “Assonance”, “Racines du vent”: leurs titres en sont l’écho. Comme l’écrit François Gildas-Tual, “Si le duo d’orgue et de percussions célèbre le mariage du souffle et de la matière, de l’air et du solide […], peut-être existe-t-il une parenté spirituelle entre tous ces instruments, car peaux et métallophones ont souvent servi les rituels, scandant les cérémonies de leurs formules obsessionnelles pour guider les fidèles sur les chemins de la transe.”