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Joker en ciné-concert : folie dure

CINÉ-CONCERT – Bozar continue de proposer ses ciné-concerts avec la projection du film Joker sur grand écran. La bande originale d’Hildur Guðnadóttir est interprétée en direct sous la direction de Dirk Brossé, à la tête de l’Orchestre National de Belgique.

Clown triste

Concurrent à l’ouverture de la Brussels Art Fair, qui attire les portefeuilles les plus prestigieux des investisseurs de l’art contemporain, Bozar présente le chef-d’œuvre de contre-culture qu’est Le JOKER. La salle Henry Lebeuf, au grand complet, accueille ainsi un public des plus hétéroclites.

Sorti en 2019, le film de Todd Philipps explore les origines du célèbre antagoniste de Batman. Autrefois dépeint comme un fou psychotique dans les précédentes sagas de Batman, l’intérêt croissant du public pour les anti-héros a incité le réalisateur à explorer le parcours complexe et tourmenté de la figure originelle de la révolte au cœur de Gotham City. Tout le monde de souvient de la performance de Heath Ledger en Joker dans The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan. Dépassé par la méthode acting, qui consiste à vivre son personnage durant tout le temps tournage, l’acteur témoignait avoir été possédé, précédant son suicide quelques temps après. Joaquin Phoenix, relève le défi, dix ans plus tard.

Le film se concentre sur Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), comédien raté et clown de profession qui lutte contre une maladie mentale non spécifiée et un rire incontrôlable qui surgit aux moments les moins opportuns. Vivant à Gotham avec sa mère malade, Arthur subit une série de rejets et d’humiliations par la société. Poussé à ses limites psychiques et mentales, l’identité du Joker prend progressivement le dessus. Partagé entre le terreau fertile de la maladie mentale et la violence d’une réalité qui rendrait fou n’importe qui, le film interroge la violence de la société. Poussé à la folie par la violence constante qui l’entoure, Arthur Fleck se rebelle contre le système qui l’écrase, devenant un symbole chaotique de résistance pour les masses opprimées de la ville.

Ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade

Jiddu Krishnamurti

Voilà comment le film dépasse l’histoire développée par l’univers DC Comics pour rejoindre celui du cinéma d’auteur, entre l’univers médical de Vol au dessus d’un Nid de Coucou et la cruauté d’Elephant Man. La musique s’y insinue en filigrane, symbole de la folie du Joker.

Une musique de fou

Véritable leçon d’empathie, le film a réussi à toucher le cœur d’une génération. L’interprétation de Joaquin Phoenix a reçu un Golden Globe tandis que la partition de la compositrice islandaise Hildur Guðnadóttir a reçu l’Oscar 2020 de la meilleure musique de film (deuxième femme depuis Anne Dudley pour The Full Monty en 1998). Influencée par Laurie Anderson, Pauline Oliveros et Meredith Monk, Hildur Guðnadóttir adopte une approche des plus expérimentales. En collaboration avec le designer islandais Halldor Ulfarsson, la compositrice a créé le violoncelle à résonance (Halldorophone) ainsi que l’Ómar, un violoncelle modulaire qui intègre le numérique à l’analogique.

« Le halldorophone utilise un système simple, dans lequel la vibration de chaque corde est détectée par un capteur, amplifiée et acheminée vers un haut-parleur intégré à l’arrière de l’instrument. (…) Même si chaque interprétation musicale d’un morceau est unique d’une manière ou d’une autre et dépend de son moment particulier et de sa situation dans le temps, la nature instable du halldorophone exacerbe cette condition. »

Plus d’Halldorophone par ici

HAHA ! Ha ha … ha … haaaaaaaaaaAAAAAA !!!!

Alors que le violoncelle exprime l’humanité d’Arthur Fleck, l’orchestre fait entendre la folie qui s’empare progressivement de lui. « Au début, on n’entend pratiquement que le violoncelle, mais à mesure que l’intrigue avance, l’orchestre joue de plus en plus fort et étouffe le violoncelle. L’empathie que nous ressentons pour le personnage est portée par le violoncelle, tandis que l’orchestre symbolise la face sombre d’Arthur Fleck, sa folie qui d’abord assoupie en arrière-plan devient plus bruyante et finit par avaler le violoncelle tout entier », explique Hildur Guðnadóttir.

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Face à la musique sublime et aux images ultra-violentes, le public subit les coups de feu, les éclaboussures de sang à l’arrière de l’orchestre. Oscillant entre rire, larme et crampe au ventre de malaise, le corps de l’auditoire fait face à l’esprit du Joker, explicité par la partition sombre et percussive. Porté par les lignes claires des cordes, les percussions blessent mortellement la partition, jusqu’au bruit total et au chaos. Longue glissade de deux heures vers la folie, la partition portée par l’Orchestre National de Belgique se renforce progressivement, plus dure, plus limpide, pour faire éclater les tons de la révolte. Le monde se défait autour du Joker alors qu’il se prépare à incarner le monstre qui fera trembler Batman.

Affaire à suivre pour les aventures du Joker puisque le public pourra le retrouver en pleine romance dans JOKER : Folie à Deux qui sort en salle au mois d’octobre 2024. Plus proche de de la comédie musicale, le Joker y partagera l’affiche avec l’Harley Quinn de la génialissime Lady Gaga.

Allez, on se tease ?
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