RÉCITAL – Après des semaines de pluie prête à éteindre une flamme olympique, il nous a fallu en trouver une autre ! Pretty Yende, ou la flamboyante virtuosité sud-africaine, sur la scène du Grand Théâtre de Bordeaux ce jeudi 23 mai 2024.
Alors que la flamme olympique courait les rues de Bordeaux, hier, le soleil était sur scène. Et en deux temps trois sourires immensément chaleureux, sa lumière sut séduire un public bordelais désabusé par des précipitations incessantes. Le temps d’une soirée, l’Italie belcantiste devient girondine, et Pretty Yende nous emmène avec elle visiter ces contrées qui lui sont si familières. Voyage néanmoins vite interrompu par quelques secousses : peut-être du fait de l’acoustique, peut-être du fait des réductions piano si terriblement limitées par rapport à l’écriture d’origine, ça on l’ignore.
Pâle aurore
Toujours est-il que de son voyage chez les latins, c’est la Mandoline, la moins exotique, qu’on retient : impressionnante d’agilité et de rapidité, belle démonstration du talent de Pretty Yende et largement plus convaincante que les airs entendus précédemment. Habituellement si peu conciliantes, les mélodies de Debussy réussissent ici à nous rassurer quant à la qualité vocale de notre interprète. Un peu de frustration se fait ressentir, et on souhaiterait encore l’entendre plus largement dans ses médiums, où une grande souplesse point timidement, entre quelques aigus souvent étriqués.
Le cadre particulièrement intime qu’offre la scène du Grand Théâtre permet à Pretty d’installer une grande proximité avec son auditoire, faisant rire aisément d’une remarque discrète entre deux pièces. Mais ce cadre lui dessert presque, entre le piano au son parfois indélicat et la mise à nue contrainte par l’exercice difficile qu’est le récital. Si d’aventure une intonation se révèle imprécise, elle est ici décuplée, et l’acoustique ne pardonne pas.
Zénith enflammé
Mais fort heureusement, et de manière assez spectaculaire, notons-le, Pretty parvient à racheter un public pourtant hésitant grâce à un jeu comique très habile. La virtuosité espagnole des airs de Gimenez nous dévoile enfin une facette qu’on soupçonnait seulement, et Pretty se révèle délicieusement comédienne, jouant avec son public, dialoguant avec Vanessa Garcia Diepa au piano, infinie de charme.
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On retrouve alors une Pretty Yende rayonnante, longuement et franchement applaudie, fidèle à elle-même, et surtout à sa réputation. Elle clôture finalement ce récital par le plus fameux des airs de Rosina (Le Barbier de Séville) qu’elle modèle à son gré, pour le plus grand bonheur de l’auditoire, gaiment, et brillamment surtout. Alors, si le beau temps s’obstine à bouder les bordelais, fi ! Hier soir, le soleil était décidément parmi nous !
Les copains d'Ôlyrix étaient aussi là ce soir ! Le compte-rendu ici
Demandez le programme !
- G. Rossini – La Promessa
- V. Bellini – Vanne, o rosa fortunata
- G. Donizetti – Me voglio fa’na casa ; L’amor funesto
- C. Debussy – Beau soir ; Fleurs des blés ; Clair de lune ; Mandoline ; Apparition
- F. Liszt – Tre sonetti di Petrarca
- G. Gimenez – Sierras de granada ; La terentula e un bicho mu malo ; Me llaman la primorosa
Bonjour
Je suis étonnée de lire deux articles en demie teinte concernant le fabuleux récital de Pretty Yende donné le 23 Mai 2024 à l’Opera de Bordeaux, écrin somptueux pour accueillir celle qui s’affirme à chaque fois comme la plus grande soprano de sa génération… qu’elle soirée entre beauté de la voix et don sans limite de sa virtuosité offerte avec une simplicité une gentillesse désarmante loin des falbalas, Pretty ne changeant point de robe pour la seconde partie alors qu’elle pourrait se permettre le frac des strass étant la nouvelle égérie Dior, elle vient nous livrer l’âme de son art avec la profondeur de ses tripes, sans fard, elle cueille le public au pied de notre émotion pour nous hisser sur les cimes des oiseaux exotiques chantant, c’est sans doute l’un des plus beaux récitals au pays de Molière pour la saison 2023 2024, surpassant ses consœurs d’âges qui au contraires de P Y ne conjuguent jamais, art , maîtrise, simplicité, fastes, projections et profondeur en un même moment de spectacle elles feront le job avec seulement l’une de ces caractéristiques, P Y, elle, y parvient avec une justesse et une candeur qui sont la marque des plus grands….
Je note par contre que si la femme qui chante est pleinement comblée il était visible ce 23 Mai au soir que la jeune femme qu’elle est, semble pour le moins en attente d’une vie qui l’épanouisse il était palpable qu’elle souffrait d’un manque que l’on discerne dans son visage qui parfois ne cachait pas une certaine douleur muette, et en saluant elle attendait profondément de ressentir la joie du chant l’étreindre de sa lumière pour se relever et nous sourire sans un masque fugitif de douleur, le noir de sa robe et le choix de ne pas en changer est en cela un détail qui raconte de manière quasi invisible une certaine lassitude…
Je lui souhaite de trouver ce qui semble lui manquer pour qu’elle puisse conserver la sève de son Art….
À l’image du second bis qu’elle nous offrait en effectuant une des plus belles reprises qui existent de « Somewhere Over The Rainbow »
Bravo 🎉🎊🎈
Marion