FESTIVAL – Le Festival de musique du Haut-Jura clôt son premier week-end par un audacieux concert, invitant l’excellent trio SR9 à interpréter ses transcriptions d’œuvres de Jean-Sébastien Bach pour marimbas et vibraphone. Un décollage insolite pour un univers de (re)découvertes.
C’est dans la très agréable salle de l’Épinette, salle des fêtes de Saint-Lupicien, que les festivaliers du Festival de musique du Haut-Jura bénéficient d’un concert sortant un peu de l’ordinaire, avec le trio SR9. Ses trois jeunes percussionnistes lyonnais partagent leurs passions communes pour leurs instruments, le marimba et le vibraphone, et l’œuvre de Jean-Sébastien Bach grâce à des transcriptions, parfois issues elles-mêmes de transcriptions de Rachmaninov, de Schumann, ou de Bach lui-même.
3, 2, 1… décollage !
Tout habillés de blanc, comme en combinaison pour un décollage dans un univers parallèle, Paul Changarnier, Nicolas Cousin et Alexandre Esperet emportent immédiatement leur public dans un voyage immersif au cœur des couleurs sonores chaudes et résonnantes des marimbas, auquel le son rond et métallique du vibraphone se marie avec un véritable délice, prenant et surprenant. Pour palier à l’acoustique matte de la salle, les instruments sont sonorisés avec soin, finissant d’envelopper le public de ces timbres saisissants. Quelques verres dont la fine paroi est frottée d’un doigt mouillé ajoutent quelques fois en sonorités venues d’ailleurs. Ce qui frappe l’auditeur, c’est l’immense finesse d’interprétation du trio. Aurait-il pu soupçonner que frapper sur des lames de bois peut se faire avec autant de délicatesse, pour en produire une note remplie d’âme ? Les phrasés respirent avec une direction très intelligemment menée, comme l’exige la musique de Bach, qui regorge de nuances amenées avec une parfaite et constante cohérence. C’est d’ailleurs dans la qualité de la nuance piano que l’on reconnait l’excellence d’un ensemble. SR9 fait entendre, dans l’Adagio e dolce de la Sonate n°3 en trio en ré mineur BWV 527, un pianissimo d’une incroyable beauté.
Délicatesse et virtuosité
Outre ces moments suspendus, hors du temps, les trois percussionnistes se montrent également très agiles et vifs, avec des tempi qui avancent et des corps qui dansent presque avec leurs doubles baguettes qui permettent aux notes de ruisseler en de sublimes souffles, comme lors de la virtuose transcription de la Partita n°3 pour violon seul en mi majeur BWV 1006. D’autres œuvres étant transcrites d’œuvres pour orgue, comme le Concerto pour orgue en la mineur lui-même transcrit par Bach d’après le Concerto n°3 de Vivaldi, la profondeur des notes graves est possibles grâce aux gigantesques lames de marimbas contrebasses.
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Le programme étant pensé dans sa globalité, il laisse néanmoins trois temps pour que chacun des musiciens s’exprime pour présenter les œuvres, avec leur propre personnalité, toute particulièrement touchante d’humour. Après ce spectacle offrant une superbe façon de (re)découvrir Bach, le trio est applaudi avec grand enthousiasme et bravi, démontrant encore une fois combien la musique de Bach peut être moderne, surtout lorsqu’elle est défendue par des jeunes musiciens aussi talentueux qu’imaginatifs.