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Festival des forêts : le bois travaille encore

FESTIVAL – Le Festival des Forêts de Compiègne a investi le magnifique Théâtre Impérial pour son Gala d’Ouverture du cru 2024 avec la participation de l’Orchestre symphonique Metz-Grand-Est, sous la baguette de Frédéric Chaslin.

Rachmaninov / Tchaïkovski : les vieux chênes

Avec l’Ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Piort Illich Tchaïkovski, c’est toute l’âme russe qui irrigue l’histoire du couple tragique des jeunes amants de Vérone. Le compositeur y déploie toutes les voluptés de cet amour impossible et les discordes qui animent les deux familles rivales qui se haïssent. Les cymbales sont des épées qui se heurtent, la harpe se taille la part du lion et accompagne avec toute la vigilance possible la mélodie amoureuse. Cette Ouverture-fantaisie, qui n’a pas donnée lieu à un opéra, semble se suffire à elle-même, tant son pouvoir d’évocation apparaît puissant. Frédéric Chaslin donne beaucoup de caractère à sa direction, avec une sorte de volupté transgressive, d’autorité aussi, et à laquelle il impulse une force émotionnelle qui nous emporte.

Le Concerto pour piano N°2 de Sergueï Rachmaninov demande pour sa part une interprète qui n’a peur de rien, ni de la difficulté technique ni de la virtuosité. Pour ça, la pianiste japonaise Etsuko Hirose a de quoi faire. De sa pourtant frêle silhouette, elle domine son instrument avec une solidité remarquable et une franchise qui ne recule à aucun moment. Peut-être qu’à un ou deux moments un sentiment plus humain aurait certainement pu trouver sa place. Accompagné avec soin par Frédéric Chaslin et l’Orchestre symphonique Metz Grand-Est dont on admire la beauté des cordes notamment, Etsuko Hirose séduit le public compiégnois. Ça applaudit fort en fin de première partie !

L’opéra reste à la lisière

La deuxième s’ouvre sur une mauvaise nouvelle. Malheureusement, Julien Dran souffrant a été remplacé in extremis par le ténor américain Gaston Rivero qui a déjà travaillé avec Frédéric Chaslin et qui mène carrière en Allemagne, en Italie et dans les Pays de l’Est, dans un répertoire plutôt de fort ténor (Verdi, Puccini). Cette voix forte et musclée, au timbre sombre et grave capable de jolies nuances, semble bien plus à son aise dans Verdi que dans le répertoire français (Carmen, Faust) qu’il aborde pourtant de manière affirmée. Trop sans doute. La ligne de chant manque un peu de recherche, et reste un rien brutale. Par contre, son interprétation du Nessum Dorma du Turandot de Puccini ne manque pas d’une certain panache, pour autant que le ténor ne cherche pas systématiquement à monter ses muscles !

À ses côtés, la soprano Julie-Cherrier-Hoffman offre une interprétation assez linéaire et sans grand relief. La voix manque encore de solidité, de rayonnement et peine quelquefois à franchir la rampe, notamment dans le célébrissime Meine lippen sir küssen so heiss tiré de la Guiditta de Franz Lehar. Certaines déformations de voyelles sont vraiment dérangeantes et pourraient pourtant être corrigées, tout comme certains aigus trop acérés. En grand artisan du monde lyrique, Frédéric Chaslin accompagne les deux artistes avec habileté et une attention toute particulière. La partie vocale du programme n’a pas vraiment reçu le même accueil favorable du public, sinon pour Gaston Rivero sur Turandot. L’arbre qui cache… la forêt ?

Pour vous informer : le Festival des Forêts est dirigé par Bruno Ory-Lavollé, rédacteur pour Classykêo. Dans un souci de neutralité, nous avons choisi d’y envoyer José Pons, qui n’entretient avec M. Lavollé ni lien familial, ni lien amical.

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