COMPTE-RENDU – Le soir du 14 juillet s’est donné sur France 2 le Concert de Paris, avec « des airs d’opéra célèbres et des tubes de la musique classique », dixit Stéphane Bern, le présentateur de la soirée, chaussé de mocassins tricolores et dans une forme olympique. Entre allumage du chaudron olympique et spectacle pyrodronique, on peut se demander si le Concert de Paris n’en fut pas réduit à un rôle de passe-plats…
Entre Feu d’artifice et Flamme olympique
En ce soir du 14 juillet, il y avait un peu carambole sur France 2 : traditionnel concert de Paris, conclu par l’installation de la flamme olympique à Paris et suivi du feu d’artifice pour la Fête nationale. Commençons par le feu d’artifice : rebaptisé spectacle pyrodronique -magnifique néologisme- en raison de plus de mille drones dessinant des images d’athlètes, ce fut une surenchère d’effets pyrotechniques masquant totalement la Tour Eiffel et donnant l’impression d’avoir été télétransporté à Dubaï ou Shanghai. Avant cela, Yannick Noah, « tennisman et chanteur », comme l’a rappelé Anne Hidalgo, la maire de Paris, avait été le dernier relayeur de la flamme et était venu au pied de l’estrade du concert allumer le chaudron olympique.
Un concert de Paris un peu à l’étroit dans son costume à paillettes
Dans ce contexte inhabituel, entre fête à Neu-Neu et grandiloquence pompière, a donc eu lieu le Concert de Paris, organisé depuis onze ans à l’occasion du 14 juillet par France Télévision et Radio France. Afin de laisser le Champs de Mars s’organiser pour accueillir les épreuves de beach-volley, lutte, judo ou encore cécifoot, le Concert de Paris s’est replié sur le parvis de l’Hôtel de ville. Dans ce cadre restreint, les morceaux de bravoure musicaux se sont enchaînés, à grands coups de robes longues rutilantes aux décolletés avantageux pour ces dames, de vestes de smocking chamarrées sur des torses bombés pour ces messieurs, d’effets visuels en surimpression et de grands travellings de caméras montées sur axes voire même sur grues pour la retransmission. Si le tout manquait d’originalité et a parfois frôlé le kitsch (on se serait passé des effets de langues de feu et d’éclairage rouge sang sur la musique de Ben-Hur ou encore de taches grises mouvantes sur le Clair de lune de Debussy), le show fut parfaitement réglé et sentir Paris peu à peu basculer dans le calme et la fraîcheur de la nuit n’a pas manqué de charme. Sans oublier de magnifiques vues larges et aériennes de la capitale, qui venaient rappeler sa richesse patrimoniale et esthétique unique.
Et la musique dans tout ça ?
Un enchaînement de stéréotypes usés jusqu’à la corde (Je veux vivre de Gounod, Sous le ciel de Paris, immortalisé par Piaf, le 1e mouvement du 2e concerto pour piano de Rachmaninov ou encore Les feuilles mortes de Prévert et Kosma), des artistes hexagonaux qui, décidemment, tirent vraiment trop la couverture à eux, deux frères notamment… , une qualité de reprise du son qui transformait parfois le son de l’Orchestre National de France en celui d’un vieux disque Deutsche Gramophon des années 80 ou encore un chef d’orchestre, Cristian Macelaru, à la battue certes efficace mais parfois un peu épaisse.
Mais également une justesse du propos avec la soprano américaine Nadine Sierra, à la musicalité, la vocalité et la gestuelle assurées et généreuses, une très belle -à la fois sensible et incarnée- interprétation par la mezzo-soprano Adèle Charvet, de la Chanson bohème de Carmen, la découverte de la merveilleuse personnalité artistique du jeune violoniste Daniel Lozakovich ou encore un Nessum Norma, du Turandot de Puccini, par le ténor Pene Pati, d’une puissance vocale et d’une beauté de timbres incroyables, qui a atteint des sommets à l’applaudimètre.
Restera à savoir si ce concert, annoncé comme étant rediffusé sur les réseaux Euroradio et Eurovision de l’UER (Union Européenne de Radio-Télévision), aura fait un niveau d’Audimat correct… S’il n’a pas fait de bien, il n’aura assurément pas fait de mal…