FESTIVAL – Du 11 au 21 juillet au Festival Off d’Avignon, Madame Arthur et sa troupe présentent leur show lyrique façon drag « Madame Arthur fait son opéra » au Rouge George. Libéré.es, délivré.es !
22h45 – derrière le Palais des Papes d’Avignon, les oiseaux de nuit commencent à sortir et se donnent rendez-vous… au Rouge Gorge ! Les artistes de Madame Arthur nous accueillent à bras ouverts dès l’entrée du théâtre. Pour nous mettre dans l’ambiance, un échauffement est de rigueur : le public aura besoin de sa voix ! Sous les traits de l’humour et de l’extravagance à foison, les artistes revisitent les plus grands airs d’opéra français avec des jeux de mots audacieux. Désignant deux chauffeurs de salle dans le public (une clappeuse et un hurleur) qui se font sermonner par les artistes si l’ambiance n’est pas à leurs goûts. Tout semble permis ce soir : l’esprit du mythique cabaret parisien renaît à Avignon !
Divas divin.es
Dans un décor rococo avec chandelier, grand lustre et drapé de velours rouge, les créatures de la nuit révèlent leurs personnages et personnalités surprenantes à travers des costumes décalés façon Drag Queen : paillettes, perles et porte-jarretelles. Les reines de cette nuit sont :
- Androkill, qui assume un jeu de femme fatale dont elle fera la démonstration d’un catwalk assuré en talons hauts.
- Odile de Mainville en diva excentrique et raffinée qui plait énormément malgré un côté volontairement gaffeur.
- Martin Poppins, concepteur du spectacle, qui se déchaîne dans de multiples caractères.
- Et enfin, la Baronne du Bronx qui incarne sensualité et mystère….
Libéré.es, délivré.es !
Si la mise en scène se veut captivante, les chants le sont tout autant. Comme dans un moment hors du temps, les cinq artistes dévoilent leurs mœurs, leurs sensibilités et leurs parts de mystère. Martin Poppins se prête à de nombreuses performances. Androgyne dans ses tessitures de contre-alto et de baryton, il chante avec douceur Mon cœur s’ouvre à ta voix (du Samson et Dalila de St-Saëns) avec une texture vibrante et juste, qui n’aurait pas besoin d’amplification. Odile de Mainville se réserve les airs les plus lyriques, passant de la Habanera de Carmen a une version féminine du Je crois entendre encore des Pécheurs de Perles, sans pour autant éprouver la moindre difficulté. Montrant un vibrato charnu dans les forte, elle l’affinera de manière plus équilibrée dans des piani contrôlés.
La Baronne du Bronx prend aussi part au tour de chant, avec une voix lyrique au vibrato plus léger. Quand elle ne chante pas, c’est au violon qu’elle se démarquera en accompagnant quelques airs, parfois tout en chantant. D’une voix plus lisse, Androkill se voue à la variété, dotée d’un léger vibrato et d’aigus cristallins et frissonnants saisissant la salle. Le pianiste Cosme Mac Moon, qui mêle humour noir et fantaisie, participe aux dialogues et reste authentique et joueur avec ses partenaires. Notamment lors du duo « Pa.. Papa.. » extrait de La Flûte Enchantée qu’il chantera avec la Baronne du Bronx, changeant les paroles en « Pa..Papa..triacat ».
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Dans une frénésie à l’unanimité, les artistes clôturent le show avec du Dalida, où « Laissez-moi chanter ! » remplace le titre original, symbole du désir de vivre et de s’exprimer en liberté. Et pas qu’en été !