CONCERT – Ce jeudi 3 octobre, lors du célèbre concert de 20h, la grande salle de la Maison de la Radio et de la Musique résonne sous la direction puissante d’Ariane Matiakh, devant l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Un programme fleuve, littéralement…
Quand Smetana composait sa Moldau, rivière de l’actuelle République Tchèque, il ne savait pas qu’un siècle plus tard, le réchauffement climatique affecterait un peu la vision qu’on aurait de sa musique. L’Orchestre Philharmonique de Radio France s’empare de la thématique aquatique dans un concert qui nous rappelle que même la beauté naturelle qui a inspiré Smetana n’est pas épargnée. La soirée, tout en évoquant la majesté des fleuves, nous rappelle l’urgence de protéger ces sources d’inspiration, pour les générations futures.
Nouvelle Vague
Au programme de la soirée, une œuvre se démarque par la présence de son compositeur dans la salle. Il s’agit de Waves, de Pascal Dusapin : un duo pour orgue et orchestre, dont Olivier Latry est le soliste. L’œuvre est dirigée avec finesse par Ariane Matiakh, qui embrase la partition et incarne la musique dans toute sa splendeur. Elle ne craint ni les changements abrupts ni les nuances fulgurantes, et encore moins l’atonalité qui caractérise le langage de Dusapin. Les percussions, emmenées jusqu’à des nuances extrêmes, provoquent des chocs dans la salle, parfois terrifiants pour des spectateurs qui semblaient plongés dans un doux rêve.
La Moldau, ça coule de source !
La Moldau de Smetana ne tarit jamais. Elle fascine chaque spectateur, même ceux qui l’ont entendue, et ré-entendue, et ré-ré-entendu… Ariane Matiakh lui apporte une fraîcheur envoûtante qui se marie naturellement avec les mélodies fluides de la pièce. Son interprétation se caractérise par une grande flexibilité, donnant aux mélodies la fluidité nécessaire pour ressortir avec des nuances marquées et des changements de tempo qui captivent chaque spectateur.
Marrée haute
La deuxième partie du concert, avec L’esprit des eaux de Dvořák et Bacchus et Ariane d’Albert Roussel, offre un équilibre parfait au programme avec un spectre d’œuvres variées, mais bien choisies autour de la thématique. L’orchestre explore d’abord une mélodie qui paraît simple mais se ramifie en mille variations. Chaque solo est mis en valeur sous la direction habile d’Ariane Matiakh, qui gère avec adresse les contrastes et sait faire ressortir les instruments au moment opportun.
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Pour le grand final, l’œuvre d’Albert Roussel est une déclinaison idéale de la thématique du soir. Elle se distingue par une introduction énigmatique, suivie de cadences frontales et puissantes. L’œuvre est une machine qui ne s’enraye jamais, un fleuve impétueux qui coule dans un débit perpétuel. L’orchestre incarne ce phénomène avec des crescendos magistraux, conservant un son homogène et précis, qui dégage une énergie envoûtante, que seul interrompt final triomphal. Un torrent d’applaudissement déferle sur les artistes de la soirée. Ce soir à la Maison de la Radio, c’étaient les grandes eaux !
Demandez le Programme !
- A. Dvorák – L’esprit des eaux
- P. Dusapin – Waves
- A. Roussel – Bacchus et Ariane
- B. Smetana – La Moldau