DISQUE – Lang Lang sort un nouvel album « Saint-Saëns » édité par Deutsche Grammophon. L’orchestre du Gewandhaus de Leipzig et son directeur musical Andris Nelsons le rejoignent sur le premier CD. Son épouse et pianiste comme lui Gina Alice apparait aussi sur certaines parties de l’album.
100% Français 60% Saint-Saëns
L’album se décompose en deux CDs : un premier avec l’orchestre consacré entièrement à Saint-Saëns avec son célébrissime carnaval des animaux (où Gina Alice prend la partie du second piano) et son Concerto pour piano n°2. L’orchestre poursuit ainsi sa relation de longue date avec l’œuvre de Saint-Saëns, qu’il continue de populariser. Comme nous le rappelle le fascicule fourni (non traduit en français) c’est bien le Gewandhaus qui a offert à ce deuxième concerto le succès lors de sa deuxième représentation mondiale après une première parisienne au succès mitigé (et c’est ce même orchestre qui a par ailleurs créé le troisième concerto).
À lire également : Carnaval des animaux : Alex Vizorek en maître enchanteur
Le deuxième CD, plus intime, laisse toute la place au piano seul, parfois à quatre mains avec Gina Alice. Si Saint-Saëns figure encore sur deux pistes (un arrangement du Cygne et la Toccata d’après le cinquième concerto) il n’occupe qu’une place minoritaire (contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre de l’album). Il partage l’espace avec les compositeurs et les compositrices emblématiques du Grand Siècle français qui y sont retrouvés : Gabriel Fauré, Louise Farrenc, Lili Boulanger, Léo Délibes, Maurice Ravel, Charlotte Sohy, Claude Debussy et Mel Bonis. Les œuvres écrites directement pour piano côtoient donc des arrangements d’œuvres orchestrales voire lyriques.
Pourquoi on aime ?
- Pour la synergie entre le(s) piano(s) et l’orchestre qui se fondent autour d’une lecture commune de chacune des deux pièces.
- Pour la précision et la coordination de l’orchestre : intense dans les attaques, homogène dans les progressions et virtuose dans les solos.
- Pour la direction d’Andris Nelsons énergique et ambitieuse tout en respectant profondément l’œuvre (ce qui n’a pas toujours été sa qualité première)
- Pour la qualité de ce Carnaval des Animaux qui pourrait se hisser sans peine au sein du podium des références discographiques de cette œuvre avec la force tranquille de ses tortues, les violons immersifs de son aquarium dans lesquels nagent les notes de piano tels des poissons, les claquements osseux de ses fossiles et la majesté de son cygne dessiné par le violoncelle de Christian Giger sur les clapotis à la fois doux et lumineux émanant du piano de Lang Lang.
- Pour la justesse et la sensibilité du jeu de Lang Lang qui émeut l’auditeur dans une large partie de l’album.
- Parce que le programme est un formidable résumé du piano romantique français (et de ses influences sur le XXIème siècle)
- Pour l’excellente prise de son
C’est pour qui ?
- Ceux qui veulent découvrir le travail encore trop méconnu de quelques grandes compositrices françaises
- Ceux qui sont d’humeur un peu macabre : on a du fossile, de l’infante défunte et même du in paradisum pour envisager d’ores et déjà l’au-delà
- Ceux qui adorent les films à l’eau de rose : entendre Lang Lang et Gina Alice jouer Le Cygne sur un même piano c’est presque pareil on vous jure !
- Ceux pour qui le Carnaval des animaux fait d’effet d’une madeleine de Proust.
- Ceux qui sont un peu chauvins et ne jurent que par la musique française