CONCERT – Les Révolutions de Marie-Antoinette… C’était le titre du programme de salle du concert de la Philharmonie qui réunissait Sonya Yoncheva et Les Arts Florissants dirigés par William Christie, avec un programme vocal de Mozart à Gluck, Cherubini et Piccinni.
Quand on connaît le goût de Marie-Antoinette pour les costumes les plus chers et les plus fous, rien d’étonnant à voir Sonya Yoncheva en Diva du lyrique successivement parée d’une superbe robe vaporeuse couleur corail, puis en seconde partie d’une très imposante robe blanche immaculée juste soulignée à la taille d’une bordure de strass ! Pour autant, l’habit ne fait pas toujours le moine et l’impression d’ensemble reste mitigée, au-delà du côté spectaculaire des apparitions de la chanteuse et de sa beauté triomphante. Marie-Antoinette est peut-être le rôle qu’elle cherchait vraiment à incarner ce soir.
C’est pas Versailles…
Comme Marie-Antoinette fuyant et arrêtée à Varennes, Sonya Yoncheva se précipite, d’abord. Le temps des répétitions était-il suffisant ? Le nez presque constamment dans ses partitions, ce qui entraine plusieurs décalages avec l’orchestre malgré un William Christie assez complaisant et très à l’affut des départs de son interprète, Sonya Yoncheva semble un peu en retrait devant les héroïnes qu’elle doit incarner. Certes la voix conserve sa part de volupté, son côté irradiant et sa largeur prépondérante. Mais l’aigu se durcit et le médium peine à s’imposer. Le grave surtout semble comme émietté par endroits. Un phénomène particulièrement sensible dans Iphigénie en Aulide de Gluck et plus encore dans l’air de Vitellia tiré de La Clémence de Titus de Mozart, qui la voit poussée dans ses limites.
Drama Queen
En bonne reine de la tragédie à la Puccini, c’est dans des airs plus intensément dramatiques qu’on trouve Sonya Yoncheva plus à son aise, plus impliquée surtout. Elle s’y éloigne d’une certaine simplicité de ton et de la hauteur de vue requises pour s’égarer quelquefois dans des instants trop affectés, qui manquent de naturel. Avec le répertoire plus léger de la romance, elle s’amuse en pleine complicité avec William Christie et la harpiste Marie Bournisien, avant d’interpréter le fameux Plaisir d’amour de Martini dans l’orchestration de Berlioz, ces deux charmants moments musicaux se trouvant ensuite repris en bis.
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Épater la galerie (des glaces !)
La grande salle de la Philharmonie n’est peut-être pas la plus à même de mettre en pleine valeur l’orchestre des Arts Florissants. Mais la Danse des Furies (Orphée et Eurydice de Gluck) ou l’ouverture de la Finta Giardiniera de Mozart permettent à William Christie de mettre en évidence les qualités habituelles de son ensemble. Sonya Yoncheva, avec son port de reine et ses grands saluts alanguis, est applaudie par un public conquis qui lui réserve… un triomphe.