CONCERT – La Valse est au cœur du concert donné à la Philharmonie de Paris par l’Orchestre National de Lyon, avec notamment une création d’Ibrahim Maalouf en hommage au Boléro de Maurice Ravel.
Avec la présence annoncée du célèbre trompettiste et compositeur Ibrahim Maalouf placé au centre de cette soirée, le public habituel de la Philharmonie semblait s’être élargi à d’autres spectateurs, souvent plus jeunes et admirateurs inconditionnels de cet interprète polymorphe. En témoigne une large standing ovation à l’issue de sa prestation. Sa création intitulée Boléro pour Ravel est une commande conjointe de l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn, de l’Orchestre National de Lyon et de la Philharmonie de Paris. Elle a été créée en avant-première à Pau le 16 janvier dernier par l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn avec Ibrahim Maalouf à la trompette et Fayçal Karoui à la baguette.
Ravel 2025
Comme le compositeur l’a expliqué au public à son arrivée sur scène, Ibrahim Maalouf (formé à la technique classique par Maurice André au Conservatoire de Paris) a accepté cette commande spécifique en hommage à Ravel pour le 150ème anniversaire de sa naissance. Sur une mélodie unique en forme de valse, il a décliné celle-ci en six versions successives toutes orchestrées de manière différente. Le premier mouvement associe la trompette et le piano sur un thème à trois temps. Puis les cuivres de l’orchestre relèvent seuls le défi, dans une déclinaison franche à la fois tzigane ou balkanique, sources d’inspiration habituelles d’Ibrahim Maalouf. Les cordes seules accompagnent ensuite la trompette, avant une version orchestrée pour les vents.
Ibrahim Maalouf en majesté
La cinquième partie, particulièrement émouvante et plus intime, revient au duo harpe-violoncelle. Puis la sixième variation fait entendre toutes les composantes de l’orchestre dans une sorte d’effervescences qui se conclut sur une trompette en majesté. Maalouf ajoute le piano et le vibraphone, tout en réservant sur l’ensemble de la partition des parties solistes au cor anglais ou au contrebasson. En guise de clin d’œil, la caisse claire au dernier mouvement reprend fugitivement le célèbre ostinato rythmique du Boléro ! En guise de bis, l’Orchestre National de Lyon dirigé avec ferveur par Laurent Zufferey, chef assistant de l’orchestre, a repris la sixième partie du concerto, permettant à Ibrahim Maalouf de se lancer dans de nouvelles variations et improvisations particulièrement toniques et virtuoses.
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Kirill Karabits lui succédait pour la seconde partie de la soirée pour diriger la fameuse Suite du Chevalier à la rose de Richard Strauss, avec sa valse tournoyante et entêtante dans une sorte d’élan presque impérieux, sans sucrerie superflue. Ce même élan imprègne son interprétation lumineuse et vivifiante de la Valse de Maurice Ravel, sorte d’apothéose de la valse viennoise, mais comme imprégnée d’une issue « fantastique et fatale » comme le compositeur l’écrivait lui-même. Cette belle soirée a permis en premier lieu au public parisien de renouer avec le magnifique Orchestre National de Lyon, qu’il a vivement salué au terme de la soirée.

