INTERVIEW – Le pianiste Philippe Cassard donne jeudi à Bordeaux le Concerto pour piano n°22 de Mozart avec l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine dirigé par le chef estonien Arvo Volmer. Samedi, il retrouve quelques musiciens de l’orchestre pour une soirée musique de chambre. Comment ce pianiste français prépare-t-il ces concerts ? Compte à rebours !
IL Y A DEUX ANS, Philippe Cassard s’est vu proposé de venir à Bordeaux pour jouer avec l’ONBA. « Je n’ai pas joué à Bordeaux depuis 1994. Certains musiciens sont mes amis comme l’hautboïste Eric Cassin, mon colocataire quand nous étions étudiants ! » Le choix s’est vite sur un concerto de Mozart. « Je les joue beaucoup à l’étranger, témoigne Philippe Cassard, mais très peu en France. Le Concerto numéro 22 est très virtuose avec un final assez périlleux (rires). Mozart qui était lui même pianiste devait s’offrir une belle occasion de briller. Pour autant la virtuosité est au service de la vitalité, de la mobilité. »
EN DECEMBRE, Philippe Cassard s’est replongé dans la partition. « Le Concerto 22 fait partie de mon répertoire. Je revois l’œuvre dans son intégralité pour travailler certains détails et surtout les cadences. La cadence est ce moment à la fin du premier mouvement du Concerto où le soliste est seul. L’orchestre s’arrête de jouer. Le pianiste est livré à lui même ! La cadence reprend certains thèmes du concerto, propose des variations, c’est-à-dire des complications à grand renfort de grammes et d’arpèges (rires) ! J’ai opté pour une cadence écrite par mon maître Nikita Magaloff qui ressemble à un petit opéra. »
TOUS LES JOURS, Philippe Cassard « travaille la partition. Si je n’ai pas de piano je relis les pages car la mémoire visuelle est aussi précieuse que la mémoire tactile ou auditive. Ma partition est un « conducteur », elle montre toutes les parties de l’orchestre. Je sais quand entre une clarinette, quand je suis doublé par un hautbois, etc. » Exceptionnellement, le soliste arrive aujourd’hui à Bordeaux pour commencer à travailler le concert de musique de chambre de samedi. « J’aime cette idée d’associer un concert avec l’orchestre et un autre en musique de chambre. J’aime jouer tout le répertoire et prendre le temps de partager avec les musiciens de Bordeaux. »
LA VEILLE du concert, Philippe Cassard rencontre le chef Arvo Volmer (qui remplace Constantinos Carydis initialement prévu, ndlr), un rendez-vous d’une demi-heure « Au piano, je lui joue la cadence que j’ai choisie, lui parle de certains tempos que je préfère, et même des nuances que Mozart n’a pas forcément indiquées. » Chef et soliste retrouvent ensuite l’orchestre. « C’est un moment d’écoute mutuelle, explique Philippe Cassard. J’ai demandé un effectif de cordes réduit car j’ai horreur d’un Mozart trop lourd, hypercalorique ! ».
LA GENERALE a lieu le soir… une exception bordelaise ! « Partout ailleurs, la générale a lieu le matin du concert. A Bordeaux c’est la veille, ce qui ne me va pas forcément car « la nuit portant conseil » et me permet de digérer les répétitions ! »
LE JOUR DU CONCERT : Philippe Cassard continuera son rythme effréné de répétions : le concerto mais aussi les deux quintette de Beethoven et de Brahms programmés samedi. « Ces répétions à haute dose, toute cette adrénaline, j’adore ! », s’amuse le pianiste. Avant d’arriver à l’Auditorium, une heure avant le début du concert, le soliste s’offre un diner léger et « une sieste de 45 minutes, c’est impératif » En avant la musique!
Concerto : Jeudi 21 janvier, 20h, auditorium. 8 à 35 €. 05 56 00 85 95.
Musique de chambre : Samedi 23 janvier, 20, auditorium. 8 à 3O €. 05 56 00 85 95.
Article paru le 19 janvier dans Sud Ouest.