CONCERT – Le jeune prodige du violon, déjà acclamé dans les plus grands festivals et avec les plus grands orchestres, donne son premier récital au Théâtre des Champs-Elysées à Paris le 19 décembre. De quoi transformer son statut de jeune surdoué en celui d’interprète incontournable.
À part leur jeunesse, quel est le point commun entre les sœurs Berthollet et Daniel Lozakovich ? La question peut surprendre les férus de musique classique, tant tout les sépare. Et pourtant, le natif de Stockholm a lui aussi débuté dans un jeu de télé-réalité – Swenden’s got Talent – à 8 ans. Comment expliquer alors la nette différence de perception entre les championnes des ventes de disques en France et le champion des critiques et des passionnés ?
Une analyse superficielle de la question pourrait amener à penser que l’on se retrouve ici aussi dans un affrontement nouveau monde / ancien monde. Un exemple ? Après leur passage à la télévision, les sœurs Berthollet ont très rapidement multiplié des albums bien calibrés pour convenir au plus grand nombre. S’il a signé pour le prestigieux label Deutsche Grammophon à 15 ans, Daniel Lozakovich a, quant à lui, attendu près de deux ans pour sortir son premier album – très réussi – et ne joue quasiment que de grandes pièces du répertoire, et très souvent avec (de grands) orchestres. D’ailleurs, n’a-t-il pas été adoubé dès son plus jeune âge par d’immenses chefs, tels Vladimir Spivakov et Valery Gergiev ?
Sur scène aussi, ces artistes se distinguent : les sœurs Berthollet ont construit un premier grand concert dans un temple de la musique classique parisienne – le Théâtre des Champs-Élysées – qui relevait de la pyrotechnie. Les deux françaises ont fait succéder les courtes œuvres et les instruments dans une démonstration qui cherchait en premier lieu l’efficacité. Daniel Lozakovich ne se produit dans cette salle que cet automne, avec déjà beaucoup d’expérience… et de maturité. Pour s’en convaincre, il suffit d’avoir assisté cet été au festival de Saint-Denis, au concerto pour violon de Beethoven qu’il donna avec le Mariinsky Opera dirigé par Valery Gergiev. Le public venait pour beaucoup voir un jeune prodige. Il a finalement entendu un grand moment de musique, l’âge de l’interprète devenant alors anecdotique. Et pourtant, il n’est pas facile de faire concurrence à la sixième symphonie de Tchaïkovski jouée par le Mariinsky !
Alors, pourquoi comparer Daniel Lozakovich et les sœurs Berthollet ? Parce que le jeune suédois ne débute pas sa carrière en 1950. Il ne suffit plus de très bien jouer, et d’être très bien entouré – musicalement et dans sa vie – pour devenir une légende… et, en France, remplir les salles. Pour toucher un public large, il faut proposer des concerts – et particulièrement des récitals – qui permettent de sortir de la salle persuadé d’avoir assisté à un moment unique, alors que la concurrence n’a jamais été aussi nombreuse. Quelle expérience de «seul-en-scène» – il sera en fait accompagné au piano par Alexander Romanovsky – va-t-il proposer ? A-t-il pensé à nous concocter un bis (d)étonnant ? A tout juste 18 ans, Lozakovich a déjà la personnalité pour réussir une telle performance, cela s’«entend». Rendez-vous le 19 décembre 2019 pour le «voir».
Mercredi 19 décembre 2018 à 20h au Théâtre des Champs Elysées (Production Grandes Scènes Musicalta). Location : www.theatredeschampselysees.fr
N.B. : Le jeu concours Classique mais pas has been est à présent terminé