PUBLI-REPORTAGE – Douceur et virtuosité. Le pianiste argentin donne lundi 9 décembre son récital annuel parisien. Magicien du piano, il met au cœur de cette soirée d’exception la Sonate n°3 de Brahms dont il vient de faire un enregistrement magnifique. Une soirée à ne pas manquer dont Nelson Goerner nous livre quelques secrets…
Brahms, Liszt et Schumann… Comment compose-t-on un programme ?
Ça tient un peu à mon humeur du moment et à ma difficulté à me projeter dans l’avenir ! Un programme se décide des mois à l’avance et finalement… Je choisis les œuvres qui comptent le plus pour moi à ce moment-là ! Il n’y a pas de dogme pour construire un récital : pour celui au Théâtre des Champs-Élysées, je vais associer des œuvres qui sont liées par un climat musical… et ajouter un contraste inattendu !
Quel climat musical avez-vous choisi ?
Celui du rêve. Comme si pendant le récital, on regardait défiler des images, les yeux mi-clos. Au centre de la première partie, il y la Sonate n°3 de Brahms que je viens d’enregistrer (chez Alpha). Pour introduire cette œuvre maîtresse du répertoire pour piano, j’ai choisi le Blumenstück (qu’on pourrait traduire par bouquet de fleurs, ndlr) de Robert Schumann. Elle ouvre une fenêtre pour laisser passer un filet de lumière. Cette fenêtre éclaire une pièce immense – celle de Brahms ! – dans laquelle on trouve à la fois la tendresse et le drame. La Sonate n°3 est celle d’un jeune homme à la fois très mature et encore impertinent. Il faut entendre tout ce qu’il ose !
Un récital rêveur : voilà ce que vous cherchez ?
Pas uniquement ! La narration d’un récital doit porter l’auditeur mais aussi le pianiste. Je ne souhaite pas rester dans une seule et même ambiance rêveuse ! Pour apporter du contraste, j’ai choisi Liszt, des œuvres d’une esthétique musicale très éloignée de Schumann et Brahms. Liszt est grandiloquent, dans le sens le plus merveilleux du terme. C’est une profusion de couleurs, de virtuosité, de profondeur aussi. On doit dire merci à des pianistes comme Alfred Brendel qui ont remis au goût du jour l’œuvre de Liszt.
Que cherchez-vous à provoquer dans un récital ?
Dans toutes les étapes de ma carrière, ce qui m’intéresse est une attitude vis-à-vis de la musique : une honnêteté, une sincérité, une spontanéité. Voilà ce qui me porte en avant en tant qu’artiste.
Comment rester spontané avec des morceaux qu’on a travaillés des centaines d’heures ?
Il faut une attitude intérieure. Dans une partition, il y a une telle profusion de détails qu’on peut s’y perdre. Pour ma part, je laisse les œuvres de côté pendant beaucoup d’années ! J’ai travaillé la Sonate n°3 de Brahms en 1994… Quand je reprends la partition, c’est merveilleux et déconcertant. J’observe ce qui est resté et ce qui a changé. Les œuvres ont vécu avec moi. Elles sont restées dans mon inconscient et d’un coup, dans un avion ou un train, elle me reviennent.
Piano aux Champs-Élysées : Nelson Goerner. Lundi 9 décembre 2019
20 heures, Théâtre des Champs-Élysées. 5 à 75€. Pour réserver, cliquez ici.
- Schumann – Blumenstück opus 19
- Brahms – Sonate n°3 opus 5
- Liszt – Funérailles Extrait des Harmonies poétiques et religieuses
- Liszt –Jeux d’eau à la Villa d’Este Extrait des Années de pèlerinage
- Liszt –Rhapsodie espagnole