CONCERT – L’ensemble baroque va faire entendre une partition italienne inédite, Il Paradiso perduto (Le Paradis perdu), le 21 mars à l’Auditorium de Lyon. Ambitieuse par sa forme et étonnante par son thème, elle fera l’objet d’un concert, d’un disque, d’une captation et d’un documentaire.
Ceux qui connaissent le Concert de l’Hostel Dieu pour son génial spectacle Folia avec le chorégraphe hip-hop Mourad Merzouki, vont entrevoir un autre visage de l’ensemble lyonnais : celui de découvreur de partitions oubliées. En fouillant dans la Bibliothèque municipale de Lyon, le directeur musical de l’ensemble, Franck-Emmanuel Comte a trouvé une pépite musicale de Luigi Da Mancia. Il a nommé ce manuscrit datant de 1713 Il Paradiso perduto (Le Paradis perdu) car il est l’un des rares à mettre en musique la fameuse scène biblique du paradis originel d’où sont chassés Adam et Ève.

Développement durable et musique baroque
La partition, très ambitieuse, mobilise un orchestre à cordes en double chœur agissant en stéréo et divers pupitres d’instruments à vent. « Le compositeur se fait plaisir, constate Franck-Emmanuel Comte. Dans la première partie, il décrit de façon poétique le paradis merveilleux. On entend les animaux – ça c’est très baroque – et surtout, Da Mancia vante l’harmonie entre l’homme et la nature. J’ai bien aimé ce côté développement durable ! »
« Puis Ève croque la pomme et tout part en vrille… » s’amuse le chef baroque. L’accès à la connaissance modifie l’équilibre entre les êtres vivants : le serpent – l’un des personnages forts de cette partition – jubile tandis que Dieu est en colère. On laisse aux spectateurs le bonheur de découvrir la fin de cette partition inédite dont la re-création n’a pas fini de faire parler d’elle : le concert du 21 mars 2022 à l’Auditorium de Lyon fera l’objet d’un disque (à paraître sous le label Aparté), d’une édition moderne de la partition, d’une captation pour France 3 et d’un documentaire, pour France 3 également, racontant toute l’enquête menée par le Concert de l’Hostel Dieu.
Les Lyonnais aiment la musique italienne
Menza, Mancha, Mancia : le nom du compositeur apparait sous diverses écritures. Pour certifier l’origine de sa partition, le Concert de l’Hostel Dieu a fait appel à Marco Bizzarini, spécialiste de la musique italienne baroque à l’Université de Naples. Il confirme l’authenticité de la copie de cet oratorio (un mini opéra sans décors ni costumes) par Luigi Da Mancia (1658-1708), probablement créé pour le Carême de 1698 à Modène.
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« Voici surtout la preuve du goût italien des mélomanes Lyonnais de l’époque baroque », souligne Franck-Emmanuel Comte. Au moment où Jean-Baptiste Lully définit à Versailles un goût français, les maîtres à danser italiens, ces professeurs de danse et de musique travaillent en nombre à Lyon. « Les partitions circulent avec les canuts de Lyon, ces fameux ouvriers-tisserands de la soie, explique Franck-Emmanuel Comte. Nous savons que beaucoup de musiques sont importées de Rome avec le commerce de la soie et via la communauté des Jésuites. C’est sans doute le cas pour II Paradiso perduto.
Le 21 mars à 20h à l’Auditorium de Lyon. Informations et réservations en cliquant ici.
Distribution : Céline Scheen, soprano (Adamo) Floriane Hasler, mezzo-soprano (Eva) Fabien Hyon, ténor (Il Dio), Salvo Vitale, basse (Il Serpente), Ana Vieira Leite, soprano (Angelo), Dagmar Šašková, mezzo-soprano (La Morte) et le Concert de l’Hostel Dieu dirigé par Franck-Emmanuel Comte.