DISQUE – Avec son nouvel album Transmission, le violoncelliste Edgar Moreau rend un vibrant hommage à l’influence de la musique juive sur la musique classique entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle.
La transmission est au cœur de la culture juive. Transmettre est un devoir qui incombe aux parents : “Et tu l’enseigneras à ton fils, et au fils de ton fils”, est-il ainsi écrit dans la Bible (Deutéronome IV, 9). Transmettre les valeurs et les traditions aux générations suivantes a permis la survie de la culture juive, malgré les persécutions.
Avec son nouvel album Transmission, le violoncelliste Edgar Moreau fait œuvre de passeur. D’origine juive par sa mère, il rend un vibrant hommage à l’influence de la musique juive sur la musique classique entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. La musique religieuse et populaire juive s’est transmise pendant plusieurs millénaires sans interruption. Pourtant, ce n’est que relativement récemment qu’elle a commencé à imprégner la musique savante. Aucune trace de mélodies hébraïques chez un Mendelssohn ou un Offenbach, par exemple.
Mais le réveil des nationalités au XIXe siècle entraîne une recherche de musiques nationales dans les pays européens, notamment en Europe centrale et orientale. Se développe ainsi l’idée pour les compositeurs d’origine juive d’intégrer les mélodies populaires, mais aussi religieuses, dans leurs compositions afin de forger une identité musicale juive unique et facilement reconnaissable.
Le résultat est un style d’écriture musicale qui marrie des éléments de la musique classique occidentale avec un contenu mélodique hérité du folklore juif traditionnel et/ou de la musique liturgique.
Interprétation ardente et sensible
Le programme du disque nous propose un bel assemblage d’œuvres de compositeurs juifs, avec la suite From Jewish Life et la rhapsodie hébraïque Schelomo d’Ernest Bloch et le concerto pour violoncelle d’Erich Wolfgang Korngold. Mais aussi des œuvres de compositeurs inspirés par cette tradition musicale, bien que non juifs, avec Kol Nidrei de Max Bruch et les Deux mélodies hébraïques de Maurice Ravel.
L’interprétation ardente et sensible d’Edgar Moreau magnifie ces œuvres, tout comme le superbe accompagnement orchestral de l’Orchestre symphonique de Lucerne et du chef d’orchestre Michael Sanderling. Son père, le chef d’orchestre Kurt Sanderling, avait fui l’Allemagne nazie en 1936 et survécut à la Shoah en trouvant l’asile en Union soviétique. Ils nous livrent une interprétation poétique, colorée, et très touchante des œuvres de Bloch, Korngold, Bruch et Ravel.
Pourquoi on aime ?
- Pour la richesse, la variété et la beauté des mélodies
- L’alliage très singulier entre musique intimiste et musique grandiose
- Le jeu poétique et émouvant d’Edgar Moreau, qui confirme qu’il est un des musiciens les plus prometteurs de sa génération
C’est pour qui ?
- Ceux qui souhaitent découvrir la musique juive
- Ainsi que ceux qui aiment la musique romantique et post-romantique