DISQUE – Personnage adoré ou détesté, Emma Bovary n’en demeure pas moins une figure centrale de la littérature classique. Le pianiste David Kadouch lui rend un hommage musical pétri de tendresse, dans un disque paru chez Mirare le 8 avril. Et une tournée de concerts cet été.
La première fois que David Kadouch a joué en public son hommage à Madame Bovary, c’était en août 2021, entouré des gigantesques platanes du parc de Florans, au festival international de piano de la Roque-d’Anthéron. Une soirée dont on garde encore le souvenir magique et ému.
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Le pianiste niçois de 36 ans, avait partagé au public son amour des lettres et des liens fascinants qu’elles entretiennent avec la musique classique. Les Musiques de Madame Bovary par la suite enregistrées au disque, célèbrent Gustave Flaubert, dont l’année 2021 marque les 200 ans de la naissance ainsi que les compositrices contemporaines de l’écrivain.
Les compositrices oubliées
David Kadouch avait fait le très juste choix d’entrecouper son récital de textes qui retracent les derniers mois de la vie d’Emma Bovary, de son mariage de raison à son suicide. Ce beau disque, à paraître le 8 avril chez Mirare, explore de façon inédite l’âme la plus mélancolique de la littérature française.
« J’ai voulu imaginer la musique qu’Emma Bovary aurait pu écouter pendant sa courte vie,
en invoquant les femmes compositrices souvent oubliées de l’époque de Flaubert », développe le pianiste, qui a sélectionné des pièces pour piano de Clara Wieck-Schumann (Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 20), Fanny Mendelssohn-Hensel, Louise Farrenc (L’Air russe varié op. 17), Pauline Viardot (Sérénade) mais aussi Chopin, Liszt et Léo Delibes.
Les mois défilent : Mai, Juin, Septembre et Mars, extraits du cycle Das Jahr de Fanny Menselssohn-Hensel. Cette série de douze pièces pour piano en référence au calendrier, est composée en 1841, soit trente-cinq ans avant Les Saisons de Tchaïkovski, écrit selon le même principe. 1841, date supposée du déménagement des Bovary à Yonville.
Les tourments d’Emma Bovary ne cessent de croître. Animée par le fantasme d’une autre vie que la sienne, la vision insupportable de son existence la pousse à se donner la mort. Dans une question laissée en suspens, David Kadouch se demande : « le destin, le suicide d’Emma Bovary aurait-il pu être évité, si ces créatrices avaient eu la gloire qu’elles méritaient ? »
Son destin brisé est très justement mis en parallèle avec celui de ces compositrices dont on redécouvre ces dernières années le génie musical. Une connexion qui nous interroge sur la place faite aux femmes dans la société, encore aujourd’hui.
Pourquoi on aime ?
- Pour l’hommage aux compositrices françaises de l’époque romantique
- La sensibilité des interprétations de David Kadouch
- La réunion de ces femmes qui ont vécu à la même époque et avec les mêmes contraintes
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