AccueilA la UneSchubert, de la mélancolie au sublime

Schubert, de la mélancolie au sublime

CONCERT – Ce lundi 26 juin, au Théâtre des Champs-Élysées, David Fray et Renaud Capuçon ont interprété quatre œuvres de Franz Schubert pour violon et piano : sonate, sonatine, rondo, fantaisie. Tout concourait ici à la beauté de cette musique à la fois sublime et mélancolique, quelque part à mi-chemin entre romantisme et classicisme. Un succès total pour les deux artistes, dont la complicité musicale leur a valu de longues ovations du public !

Comme une schubertiade dans les années 1820…

Dans la Vienne du début des années 1820, les salons privés font florès. Riches amateurs et mécènes mélomanes ouvrent leurs portes à souhait aux violonistes, aux chanteurs, aux pianistes. On y entend du piano à quatre mains, des Lieder, des sonates. Schubert y fait jouer un certain nombre de ses œuvres, dont ses premières compositions pour violon et piano ; c’est donc tout naturellement que les soirées musicales de ces salons fortunés prennent le nom de Schubertiades.

Schubert et compagnie !

C’est cette atmosphère, unique et intense, magnifique et hors du temps, qu’ont su reproduire David Fray et Renaud Capuçon, l’un sur les touches de son clavier, l’autre au gré de son archet. Le premier, courbé sur le piano dans une concentration extrême, active les marteaux des touches avec une méthodique et puissante précision ; rien ne lui échappe ; il est capable de rendre toute la diffuse palette des émotions engendrées par la musique de Schubert, depuis les fiévreux et fervents élans des croches jusqu’au pianissimo le plus délicat et le plus subtil. Le second s’est emparé de la virtuosité brillante de ces duos avec tout l’éclat de son violon Guarneri del Gesù, sans faillir une seule fois, malgré la difficulté héroïque de certains passages.

La Sonate pour violon et piano en la majeur D.574, surnommée « Grand Duo », et qu’ils ont interprétée en premier, commence sur un rythme de berceuse ; mais la quiétude apparente s’anime bientôt, et les longs développements de la sonate, à la fois rêveurs et puissamment évocateurs, constituaient une entrée en matière saisissante.

À lire également : Schubert in love, et nous avec !

Dans son Rondo brillant en si mineur (op.70, D.895), Schubert nous fait assister à presque un quart d’heure de cadences continues : entre relances inattendues et conclusions feintes, la musique se joue avec humour des attentes du public, et l’on vibre d’admiration devant la virtuosité toute classique de la partition, devant l’entente fusionnelle des deux instruments.

Complicité totale

Après l’entracte, ce fut comme un voyage dans le temps : on quitte un rondo écrit à la même époque que la dernière symphonie et que le dernier quatuor du compositeur viennois, pour plonger dans les mélodies intimement puissantes de la Sonatine pour violon et piano en la mineur n°2 (D.385), composée au printemps de l’année 1816. La douceur des premiers mouvements, tour à tour mélancoliques, véhéments et résolus, la complexité des émotions qu’elle exprime, en rendait l’interprétation particulièrement aigue pour les deux instruments. Soudain, dans l’Allegro du quatrième mouvement, dans une harmonie parfaite, au thème ascendant du violon répond la courbe descendante esquissée par le piano : c’est un dialogue, dont l’unisson, la consonnance merveilleuse, créent une impression d’indicible mélancolie et de poignante langueur.

Dans la Fantaisie pour violon et piano en ut majeur (D.934), enfin, qui est venue conclure le concert, la musique se faisait tantôt suave et envoûtante, tantôt fantaisie, et la fantaisie béatitude : dans un ineffable et gracieux tableau d’harmonies, entre la lumineuse allégresse des thèmes et la virtuosité enjouée des cadences, les cordes du violon chantent et s’animent, comme dans un Lied, dont elles reproduisent si bien la ligne mélodique (« Sei mir gegrüsst », D.741).

Au-delà des qualités techniques, à proprement parler, de l’un et de l’autre, c’est leur complicité musicale qui a ébloui le Théâtre des Champs Élysées. Elle est le fruit d’une collaboration fertile, et leur entente était visible dans chacun de leurs gestes : ils formaient un véritable duo, que l’on peut également entendre dans leur belle version des sonates de Bach pour violon et piano.

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