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Schubert in love… et nous avec !

COMPTE-RENDU – La chanteuse Rosemary Standley et l’Ensemble Contraste se produisaient jeudi 20 avril à l’Auditorium du Musée d’Orsay, le temps d’un magnétique et puissant hommage à la beauté des Lieder de Schubert.

Schubert, chanteur du destin

Franz Schubert (1797-1928), compositeur autrichien, aurait dit : « La douleur aiguise la raison et renforce le sentiment, tandis que la joie se soucie rarement de la raison et amollit le sentiment ou le rend frivole ». Autrement dit, on est plus juste dans la douleur que dans la joie. Il faut dire que la douleur, Schubert, il connaissait. On peut même dire qu’il la fréquentait intimement. Décédé plus jeune que Mozart, à 31 ans, et se sachant condamné dès la fleur de l’âge, sa musique n’a pourtant jamais versé dans une quelconque sensiblerie morbide. Au contraire, sa grandeur, sa beauté et sa noblesse sont remarquables, chantant l’importance d’accepter et de regarder en face son destin.

Âmes sensibles, ne pas s’abstenir !
Johan Farjot, Arnaud Thorette, Rosemary Standley, François Aria, Alice Merckx et Jean-Luc Di Fraya © Julien Benhamou

Comme le dit la chanteuse Rosemary Standley, « nous avons tous, enfouies en nous, quelques notes de Schubert ». Le spectacle Schubert in love, qu’elle propose avec l’ensemble Contraste, vient, avec pudeur, subtilité et talent, faire résonner cette sensibilité de l’âme. Imaginez, se déployant sur un plateau sobrement éclairé, un pianiste, un altiste, une contrebassiste, un guitariste et un percussionniste. Cinq instrumentistes entourant une figure marmoréenne, comme issue de la mythologie romaine, en robe blanche et veste de cuir, les yeux immenses et les lèvres barrées de rouge : la chanteuse Rosemary Standley.

Un décollage direct

Le délicat accompagnement instrumental à peine posé, elle attaque, micro à la main, le début de Irrlicht (Feux follets). Et là, elle vous emballe direct. Avec sa voix, tant puissante que maîtrisée, elle envoie une diction de l’Allemand plus véridique que toutes les Lili Marlène de la terre, semblant transmettre, de manière incantatoire, la beauté mystérieuse et inaccessible des textes de Müller, Goethe, Rellstab, Rückert ou encore Claudius. Un brin empruntée au début, elle ne met pas longtemps, une fois constatées la proximité et la bienveillance de la salle, à ouvrir sa large voix, offrant un tour de chant absolument magnifique dans sa qualité et juste dans ses propos.

Une toile pour se lover
Johan Farjot, Arnaud Thorette, Rosemary Standley, François Aria, Alice Merckx et Jean-Luc Di Fraya © Julien Benhamou

Il faut dire que l’équipe qui l’accompagne est de grand talent, tissant autour de cette épeire impériale une toile aux sonorités subtiles et vibrantes, faite du jazz doux-amer de Johan Farjot, de l’alto charmeur d’Arnaud Thorette, de la guitare joliment andalouse de François Aria, du groove chaloupé de la contrebasse d’Alix Merckx ou encore du swing fin et à propos du percussionniste Jean-Luc Di Fraya !

Quelques Lieder plus tard, sans oublier une jolie version jazzy du début de la sonate Arpeggione, le voyage est terminé. Il nous faut quitter la sphère des émotions intimes pudiquement exprimées pour retrouver les réalités du monde. Heureusement, ce sextet talentueux a pris le temps et la peine d’enregistrer un disque (Alpha Classics), disponible chez tous les bons disquaires, physiques et en ligne.

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