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À l’écran : Rone part en live

DANSE A L’ECRAN – Sur Arte, jusqu’au 22/06/26, vous aurez la possibilité de découvrir le film Rone : L(oo)ping. La promesse d’un beau visionnage, qui vous maintiendra dans l’actualité : car c’est ce mois-ci que sortait la version live de l’album éponyme et ce mois-ci également que l’artiste se produisait à la Philharmonie de Paris (19 et 20 juin).

Film ? Ballet ? … Vous pouvez répéter la questiioooon ?

Pour ceux qui auraient manqué l’article d’Elisabeth Doumic sur le concert live, voici une petite séance de rattrapage. L(oo)ping, c’est d’abord le nom de la création électro-orchestrale réalisée par Rone avec L’Orchestre National de Lyon, en compagnie du chef Dirk Brossé. Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là; la réalisatrice Louise Narboni se sert ensuite de la captation de la soirée du 1er décembre 2022 pour tourner un film-performance. Ce dernier n’est pas qu’une simple retransmission : c’est une réécriture, enrichie du travail de cinq chorégraphes, qui ont tous assisté à la représentation. Le L(oo)ping dont traite cet article est donc une sorte de roman-choral. Une narration fragmentée, éclatée entre plusieurs trajectoires qui se croisent sans cesse. 

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Vous nous voyez venir : des trajectoires à la danse, il n’y a qu’un pas. Ce film accomplit ce que l’on peut attendre de tout bon spectacle chorégraphié, puisque le geste vient prolonger naturellement la partition. On ne manque pas de personnages : l’ouvreuse (Léa Dubois), le régisseur (Mehdi Baki), la musicienne (Fanny Sage), de multiples spectateurs, ainsi que Rone (lui-même) – 9 danseuses et danseurs en tout. Il y a du texte: des dialogues, des voix-off. Et tout cela se fond plutôt bien, il faut en convenir. Le travail de la photographie est superbe : pour les scènes de danse, ce seront des décors brutalistes, épurés, massifs ou naturels ; pour les images du concert, l’obscurité et les néons. Tout se mêle, ombres, lumières, joies, doutes, sons, silence.

C’est dans ta tête

Chaque morceau est un nouveau focus sur un spectateur ou un musicien dont la rêverie le renvoie à des souvenirs ou des émotions mis en danse. Et on comprend aisément le mécanisme. Le style est progressif,  les gestes gagnent naturellement les personnages. C’est une sorte de pulsion irrépressible, un besoin de mettre en forme l’intériorité psychique. Les chorégraphies sont énergiques, oniriques, enlevées, hésitantes. A travers elles, on lit tantôt la fougue, tantôt le délassement nostalgique. L’écriture de Rone permet ces contrastes : cinématographique, dramatique, dense, elle sait se faire plus abstraite et légère. La musique est excellente et addictive. On se laisse porter sans difficulté, l’Orchestre National de Lyon se marie à merveille avec les sons électroniques. 

Le mot de la fin 

Ce film est touchant, bouleversant même. Sa formule pouvait pourtant laisser dubitatif : prendre une captation de concert pour la retravailler et en faire un contenu scénarisé était un défi audacieux. C’est sûrement le dépassement de la contradiction initiale qui existait entre les deux expériences (expérience de salle vs expérience solitaire de l’expression artistique) qui entraîne l’admiration : L(oo)ping est une exploration brillante des pensées et des états d’âme engendrés par un concert donné dans une salle bondée. Que disait Fitzgerald déjà ? Ah oui, c’est vrai : « J’aime les grandes fêtes, elles sont intimes. »

L(oo)ping est à retrouver en streaming sur Arte.tv

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