FESTIVAL – le père, le fils, et l’esprit musical réunis en l’Abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu ; une trinité (et d’autres) au service du Triple Concerto de Beethoven et de filiations esthétiques.
Filiations artistiques
Exceptionnelle, cette rencontre entre le père (Jean-Jacques Kantorow à la tête de l’Orchestre national d’Auvergne-Rhône-Alpes dont il est un des premiers pères fondateurs) et le fils (Alexandre Kantorow, “tsarévitch” du piano et premier Français à remporter le Concours Tchaïkovski) est placée sous le signe de l’émotion et du partage musical.
Il règne, comme une évidence, une ambiance familiale et superlative, culminant aux sommets, a fortiori sur ces altitudes de La Chaise-Dieu, Festival qui porte gravé en son ADN l’alliage du familial et de l’excellence (il n’est pour en juger qu’à voir les cohortes de bénévoles dévoués à convoyer artistes et spectateurs).
La famille artistique du jour est une famille choisie, élargie d’un cercle amical d’artistes autour d’Alexandre Kantorow, dans le sillage de son récent concert à La Roque d’Anthéron.
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Une amitié partagée avec Liya Petrova au violon et Aurélien Pascal au violoncelle, qui se traduit, dans le Triple Concerto de Beethoven, par une complicité de chaque instant, chacun se souciant de l’autre et se mettant à son service sans chercher à dominer l’ensemble (une famille en or, en somme, avec les doigts d’argent qui vont de paire). Comme dans un repas de famille idéal (ce qui ici devient concevable), chacun dialogue à parité et en complète harmonie, montrant l’œuvre sous son jour si harmonieux de Symphonie Concertante. Au violon délicat et au son particulièrement clair de Liya Petrova répondent les résonances profondes et plus matérielles du violoncelle d’Aurélien Pascal, Alexandre Kantorow liant le tout par son jeu ardent et d’une précision presque diabolique. L’Orchestre national d’Auvergne-Rhône-Alpes s’en fait, par sa musicalité, le quatrième soliste sous l’égide de Jean-Jacques Kantorow qui apporte un soutien sans faille à l’ensemble.
L’étreinte du père et du fils dans ce sain esprit, mais aussi de Liya Petrova et Aurélien Pascal, juste à l’issue de l’exécution du Concerto, marque le plaisir intimement partagé par ce travail en commun.
Une belle photo de famille !
Filiations esthétiques
Et le portrait se poursuit et s’élargit encore, le programme montrant également les filiations entre les esthétiques romantiques germaniques. Félix Mendelssohn (qui jouait du Beethoven à Goethe et que Schumann qualifia de “parfait continuateur de Beethoven”) complète en effet le programme avec sa Quatrième Symphonie et ses trop rares Hébrides, inspirées par un voyage du compositeur en Ecosse (Richard Wagner voyant ainsi en lui un paysagiste de premier ordre). Filiations esthétiques toujours, rendues encore et toujours vivantes et vivifiantes par ces forces musicales en présence, triomphalement saluées.
De quoi être confiant pour la suite du parcours de l’Orchestre national d’Auvergne-Rhône-Alpes confié par Jean-Jacques Kantorow à une autre trinité : celle de Thomas Zehetmair chef principal, et ses deux chefs associés, Enrico Onofri et Christian Zacharias.