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The Beatles experiment in Vézelay

FESTIVAL – Voilà une expérience singulière, menée par les chercheurs de la C2V, la Cité de la Voix de Vézelay, véritable laboratoire en sciences musicales qui organise chaque été un symposium appelé Rencontres Musicales. L’objectif de ces travaux est de séparer une partition de ses interprètes afin d’observer les transformations chimiques opérées et les réactions ainsi engendrées. 

Ici aussi, rien ne se perd, tout se crée et se transforme. Le spécimen observé est le célèbre quatuor de Liverpool, les Beatles. Le groupe, qui aurait vendu plus de deux milliards d’albums depuis son premier opus en 1962, a écrit plus de 200 chansons, dont beaucoup appartiennent aujourd’hui à la mémoire collective. Il fait l’objet ici de deux études distinctes. 

La première expérience est menée par le Professeur Jérôme Correas, fondateur des Paladins qui officie là à l’orgue et au clavecin (la fameuse polytechnique musicale) avec une rigueur mathématique. Il est accompagné de quatre laborantins : Arthur Cambreling à la viole, et trois chanteurs, l’élégante Magali Léger, la pétillante Amandine Bontemps (dans une robe rose bonbon) et le ténor Jean-François Lombard, de naturel timide mais qui se révèle au fil du spectacle avec sa belle voix de haute-contre. L’idée est ici de plonger les partitions dans un bain baroque et de comparer le résultat à un échantillon témoin, des mélodies de Purcell. Aucun consensus scientifique ne peut toutefois être obtenu sur le postulat d’une filiation entre Purcell et les Beatles sur la base de cette tentative : sans doute le premier aurait-il dû être joué en respectant moins les traités musicologiques, et dans un style plus rock’n’roll, pour espérer valider cette hypothèse. 

Il n’en reste pas moins que les savants arrangements baroques des Beatles semblent avoir un impact mécanique direct : des sourires s’affichent sur les lèvres. Aussi bien celles des chanteurs que celles des spectateurs. Il faut dire que les interprètes badinent avec leurs arrangements, comme le chef Correas, adepte de l’humour pince-sans-rire, qui contrefait un solo de trompette avec sa bouche dans Penny Lane, ou le violiste qui imite tour à tour la guitare sèche en pizzicati dans Blackbird, une basse dans Lady Madonna ou encore un solo de guitare électrique dans While my Guitar Gently Weeps.

il faut bien se plier en quatre, voire s’y mettre à cinq et à l’abri pour rendre hommage aux quatre garçons dans le vent

L’interprétation est originale et recherchée. Elle agit sur les spectateurs comme une madeleine de Proust. L’un d’eux s’exclame même « C’est ma préférée ! » lorsque vient le tour de Because. Il n’y a certes pas besoin de videurs pour contenir les foules en délire, mais le public marque malgré tout un enthousiasme chaleureux. De ce point de vue, le test est concluant. 

Un second laboratoire est mobilisé sur ce projet : la terrasse qui jouxte la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay. L’idée cette fois est de confronter le répertoire des Beatles à une ambiance de cabaret. L’expérience se tient de nuit, en plein air, sur une étendue d’herbe offrant un panorama sur toute la région. Elle est menée par un binôme au nom paradoxal dans ce contexte, “Ma P’tite Chanson”. Des guirlandes lumineuses éclairent les lieux. Des observateurs sont placés sur des transats, autour de petites tables, ou bien directement par terre. Certes, il est conseillé aux spectateurs sortant tout juste du programme a cappella donné par Les Métaboles, de se mouiller la nuque : l’ambiance n’est pas la même. 

La chanteuse, Agathe Peyrat, est vêtue d’un costume et d’une cravate noirs et d’une chemise blanche. Exactement comme Les Têtes de Chien, cet ensemble vocal ayant investi le lieu l’après-midi même. D’ailleurs, comme les Beatles, eux aussi ont plus de 100 chansons en répertoire. Sauf que dans leur cas, c’est le public qui décide du programme en tirant au sort des titres dans cinq chapeaux thématiques (chansons douces, osées, de culte, à caractère, sur des faits divers). Le résultat, pas toujours parfait musicalement, est drôle ou gaillard, apportant une ambiance festive.

À Lire sur Ôlyrix : Rencontres musicales de Vézelay - une liturgie des heures bien huilée 

Mais revenons à nos moutons, Agathe Peyrat, qui joue aussi du banjo, est accompagnée de Pierre Cussac à l’accordéon, ce qui plonge nos chansons rock’n’roll dans un univers de bal populaire. D’ailleurs, le public chante dès les premières notes sur Michelle, et danse sur Come together. Les chansons ne sont pas toujours immédiatement reconnaissables tant les arrangements puisent dans d’autres univers (jusqu’au Boléro de Ravel). Parfois, la chanteuse traduit les paroles pour en mettre le fond en valeur. 

et parfois c’est mieux à deux (photos © Vincent Arbelet)

Le résultat empirique de cette expérience, c’est que quelle que soit l’interprétation de ces œuvres, le public est heureux. Les Beatles ont légué à l’humanité un patrimoine musical qui est désormais classique et aux possibilités d’interprétation diverses, par des artistes actuels. La science est formelle : pas besoin d’hologrammes de John, Paul, George et Ringo pour continuer à faire vivre ces mélodies fascinantes.

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