FESTIVAL – Le paysage bourguignon de la Puisaye voit ses routes sinueuses se remplir d’amateurs de musique du 17 au 27 août. Récital, opéra, opérette, musique symphonique et de chambre, comédie musicale sont au programme des Estivales de Puisaye.
Pour tous les goûts
L’ambition de susciter l’intérêt d’un public varié à la musique classique et de créer un moment plaisant pour chacun se décline par la riche variété de style et notamment l’adjonction d’un spectacle d’un nouvel horizoncomme les chants corses, une comédie musicale improvisée ou même de la pop. Dans le public diversifié du récital piano d’Aurélien Pontier, on récolte une jolie brève de concert : « Pourquoi on l’applaudit, il n’a encore rien fait ? »
Une autre tradition de ce festival est la présentation d’une opérette pleine d’humour chaque année. Les Travaux d’Hercule de Claude Terrasse nous convient ainsi dans un monde acidulé et léger, où musique enjouée et rires ponctuent les 3 actes. Le détournement de la mythologie grecque est entrepris avec dérision et l’actualité s’insère pour quelques blagues supplémentaires bienvenues. Dans ce décor pétillant et plastic comme Barbie, petits et grands s’amusent et passent un bon moment.
Un lien fort
Un autre pilier de ce festival est l’esprit de famille. Vingt-et-un an que le festival existe et 21 ans que vient se former, s’exercer et participer aux concerts la Maîtrise Saint-Louis de Gonzague. » Je viens depuis 15 ans, c’est beau de voir grandir les chanteurs, de suivre leur carrière, comme Guilhem (de La Fabrègue) ou Servane (Brochard). Je réserve aussi dès que le programme sort pour Aurélien Pontier qui revient régulièrement. » déclare une spectatrice.
Pourquoi on l’applaudit ? il a encore rien fait…
Brève de concert, récital d’Aurélien Pontier, église d’Aillant-dur-Milleron
L’attachement et la fidélité au festival se ressentent tant dans le public – certains viennent depuis sa création- que parmi les instrumentistes, nombre de musiciens reviennent d’année en année, comme pour les chanteurs après leur départ de la Maîtrise Saint-Louis de Gonzague. La formation est également un socle de ce festival qui lie professionnel, semi-professionnel et amateur. L’Académie des Estivales, avec 40 stagiaires et 30 membres de la Maîtrise Saint-Louis de Gonzague, travaille un grand concert de clôture depuis 2013.
L’étendue présence sur le territoire
Dix programmes répartis dans dix lieux distincts maillent le département de l’Yonne (et aussi du Loiret). Les habitants de la Puisaye sont heureux de trouver de belles propositions à côté de chez eux. « Je viens depuis 13 ans, c’est un évènement que j’attends durant l’année, nous sommes toute une voiture venant du Loiret, pour certains concerts cela fait un peu loin, mais d’autres sont à plus courtes distances, c’est agréable ! » raconte une dame à Saint-Fargeau. Des tarifs spéciaux sont même mis en place pour les habitants des villages, afin de trouver une réponse à l’enjeu du déplacement du public.
Après les églises, c’est le château de Saint-Fargeau qui offre l’écrin pour une soirée harpe le dimanche 21 août. Chloé Ducray est accompagnée de l’Orchestre Camerata Bohemiana de Prague, fidèle au festival depuis 17 ans. Le Concerto pour harpe en si bémol majeur d’Haendel séduit par son bel équilibre et la mise en valeur de l’instrument soliste qui répond à l’ensemble de 12 cordes. La salle des gardes entend ensuite l’Adagietto de la 5ème Symphonie de Mahler, avec la harpe, donnant de la profondeur aux cordes qui tracent la mélodie. Le charme, est d’autant plus envoutant, lorsque se confronte à la profondeur et gravité des violoncelles et contrebasses, la passion virevoltante, tel l’oiseau invité par les fenêtres ouvertes en ce soir de grande chaleur. La beauté de l’Intermezzo de Cavalleria Rusticana poursuit l’enchantement de la soirée grâce à la douce intensité des archers et du concours de la harpe qui renforce la poésie de l’instant. Magique ! En revanche, après l’entracte le choix du ballet d’Apolon Musagète de Stravinski vient bizarrement terminer la soirée avec cette partition excluant la harpe et l’harmonie consonante.
Le secret de la recette ici ? Prenez une dose de convivialité, saupoudrez généreusement d’humour et de charme, ajoutez une pincée de pédagogie, et mélangez habilement professionnels, semi-professionnels et amateurs. Une fois l’homogénéité obtenue, former le tout dans le moule de la qualité. A la sortie du four, on a partagé autant de joie à écouter qu’à jouer sur scène, et ces bons souvenirs fondent la famille des Estivales qu’on a hâte de retrouver l’an prochain.