DANSE – La première création de Sidi Larbi Cherkaoui pour le ballet du Grand Théâtre de Genève qu’il dirige est désormais en tournée. Ukiyo-e est donné le 6 septembre à Rome puis sera à Lyon dans le cadre de la biennale à partir du 11 septembre.
Ciao Roma !
La soirée du 6 septembre ouvre la 38ème édition du festival Romaeuropa qui propose une programmation riche entre théâtre danse et musique. Ce premier spectacle se déroule à l’auditorium de Rome dans l’amphithéâtre extérieur. Le public nombreux et de tout âge est chic. Il est amusant de voir les gens s’installer dans les gradins avec un verre de Spritz ou du pop corn. Les 15 minutes de retard rassurent : ils auront fini l’apéritif pour le début du spectacle !
Ukiyo-e : késako ?
Ukiyo-e signifie en japonais “image du monde flottant” et fait référence au mouvement artistique japonais éponyme du 17ème siècle où les estampes représentent des thèmes nouveaux suivant les intérêts de la bourgeoisie.
La musique et les chants reflètent l’ambiance japonaise. Les deux compositeurs sont Szymon Brzóska pour la musique traditionnelle et Alexandre Dai Castaing pour les créations électroniques. Les musiciens, cachés derrière un voile mais surplombant la scène, viennent parfois en bord de plateau, mettant en avant leurs instruments traditionnels. La musique live est accompagnée par les bruits de la route ce qui rend le spectacle encore plus unique.
Les costumes eux aussi s’inspirent du mouvement artistique japonais. Les danseurs sont vêtus d’amples t-shirts et pantalons noirs. Le maquillage des yeux avec des traits rouges est la première touche de couleur. Plus tard, les couleurs apparaîtront sur des pans de vêtements. Les costumes finaux contrastent avec le reste de la pièce : les danseurs sont en sous-vêtements chair avec une tache rouge au niveau du cœur.
Escaliers roulants
Le décor est d’apparence assez simple : quatre fragments d’escaliers en bois conçus par Alexander Dodge qui se révèlent mobiles. Les danseurs se transforment donc en machinistes pour construire la scénographie. La pièce s’appuie sur l’opposition entre hauteur et abîme, avec un mouvement qui se répète très souvent : celle d’un danseur en haut d’un escalier sautant dans le vide. Le travail des lumières permet de créer différentes atmosphères. Lorsque tout devient rouge et que les danseurs montent un par un l’escalier pour se jeter du haut, l’angoisse monte d’un cran…
Mise en scène débordante
Les solos et moments de groupes sont très beaux mais finalement très peu nombreux en 70 minutes de spectacle. Les mouvements des escaliers semblent remplacer ceux des 22 danseurs de la compagnie suisse.
La chorégraphie reste souvent au service de la mise en scène. Les couples qui se tiennent par la main en contrepoids pour tourner sur eux même offrent une très belle vue d’ensemble, mais en y regardant de plus près ces pas sont d’une simplicité enfantine. Le moment de la ronde est lui aussi très beau mais est composé de pas élémentaires.
Lorsque la danse parvient à exister en elle-même, on découvre une écriture riche, parfois acrobatique dans les sauts et les figures au sol, parfois très musicale et poétique. Les gestes sont tantôt très petits et précis au niveau des mains, et tantôt très amples dans les mouvements de bras.
La dernière scène marque un retour à l’ordre et à la géométrie spatiale qui offre de très belles images, notamment avec la double ligne droite des danseurs s’ouvrant en cambré, ou bien deux lignes se faisant face et se croisant en zigzag. Si l’on reste parfois dubitatif face à la proposition, le public semble conquis et acclame vivement les danseurs, puis le chorégraphe venu saluer.