BRÈVE – L’affaire John Eliot Gardiner a peut-être lancé quelque chose. Le ténor et fondateur de l’ensemble I Gemelli, Emiliano Gonzalez Toro se fend d’une tribune dans le Temps, espérant peser dans le débat, alors que le Grand Théâtre de Genêve se cherche un successeur.
« La goutte d’eau qui a fait déborder le vase », voilà comment Emiliano Gonzalez Toro, personnalité bien connue des amateurs de musique baroque, qualifie le geste de John Eliot Gardiner. À l’entracte des Troyens d’Hector Berlioz, à la Côte St-André, le chef britannique frappait au visage un chanteur qui s’était trompé de côté en sortant du plateau. Une violence exercée par un homme détenteur de pouvoir sur un des ses collaborateurs, comme on dit aujourd’hui…
« Comportements abusifs »
Depuis sa parution mardi 12 septembre dans l’édition papier du Temps, la tribune d’Emiliano Gonzalez Toro est devenue virale. Son relais massif par des chanteurs de tous horizons, des directeurs de festivals ou des chefs d’orchestre traduit peut-être, au-delà du cas particulier de l’affaire Gardiner, le malaise d’un monde artistique contemporain qui ne veut plus laisser passer l’excès d’autorité : « les comportements de travail abusifs sont devenus intolérables […], le respect et la bienveillance doivent être au coeur des processus de création. »
Il y est également question de choix artistiques. Emiliano Gonzalez Toro dénonce « des situations parfois humiliantes, qui représentent un « vision » de metteur en scène qui ne respecte ni le livret ni la partition », rappelant que dans leur contrat, les chanteurs d’opéra ont l’obligation juridique de se plier à tous les choix artistiques (musicaux et scéniques). À bien y réfléchir, il est arrivé de voir des actes réellement choquants dans des mise en scènes récentes. Les artistes concernés étaient-ils pleinement tranquille à l’idée de les incarner ?
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Passer un message
Si le Grand Théâtre de Genêve est la seule maison d’Opéra nommément citée du texte, il n’implique pas que les mauvais comportements dénoncés le concerne. Le ténor et chef ne vise personne en particulier, se limitant à une exhortation, dans la période délicate du choix d’une nouvelle direction pour l’institution genevoise : « Nous avons besoin que cet immense vaisseau soit piloté par une personnalité respectueuse de ses employés, des oeuvres qu’elle programme [et] des spectateurs ». Le « conseil de fondation », chargé du recrutement, aura reçu le message. Répondra-t-il ?