AccueilA la UneClassique et rugby mêlés : "Flexion, lier, jeu !"

Classique et rugby mêlés : « Flexion, lier, jeu ! »

RUGBY – Évènement à Toulouse, l’Orchestre National du Capitole propose en parallèle de la coupe du monde de rugby, un grand concert gratuit sur la place du Capitole animé par Pauline Lambert (Radio Classique) et dirigé par Kristiina Poska, mettant à l’honneur l’amitié franco-nippone. 

Comme au stade !

On reproche souvent à la musique savante son manque de popularité, voire un supposé élitisme. Bien décidée à casser cette image, la mairie de Toulouse a organisé une mêlée étroite avec le sport le plus populaire du moment : le rugby ! On reprend les codes du sport avec Tolosa, le taureau mascotte de la coupe du monde dans la ville qui vient chauffer l’assistance avant le début du concert. Arrive ensuite la présentatrice Pauline Lambert vêtue du maillot de l’équipe nationale du Japon que la ville de Toulouse accueille en résidence pour la durée du tournoi. Elle présente la violoniste soliste, japonaise bien sûr, Ayana Tsuji. Après un petit gag où Tolosa tente de diriger l’orchestre totalement cacophonique, Kristiina Poska arrive et le concert commence.

Euh….oui ? ©Romain Alcaraz

Pauline Lambert reviendra pour présenter les œuvres et les artistes. Elle n’oublie pas au passage de proposer de nombreux parallèles entre le rugby et la musique : la nécessité d’allier des talents individuels pour former une équipe, l’entrainement continu des artistes, le rôle du chef d’orchestre à la fois entraineur et capitaine de l’équipe ou encore l’année de naissance d’Antoine Dupont, qui est la même que celle de Manon Galy (deuxième violoniste soliste de la soirée). Le public accompagné par l’orchestre chante d’ailleurs à cette dernière un joyeux anniversaire avec quelques heures d’avance. La présence de Pauline Lambert contribue par à rendre le concert intéressant amusant et ludique. On remarque ses changements de tenues marquant chaque étape du concert : après le maillot de l’équipe japonaise, le maillot des bleus pour présenter Manon Galy, un haut noir à sequins pour lui fêter son anniversaire et enfin le maillot du Stade Toulousain pour clore le concert. Les clés qu’elle donne permettent au public remplissant l’ensemble de la place et probablement en large partie novice de se familiariser avec les œuvres. 

À lire également : Toulouse, le tour du monde en trois chefs-d’œuvre
Essai transformé pour l’orchestre et les solistes

Le programme, constitué de compositions accessibles, est adapté à ce type d’évènement. La présence de la plupart d’entre elles dans des films, publicités ou autres piliers de la culture populaire fait que même ceux qui ne les connaissaient pas auparavant en avaient déjà probablement au moins quelques motifs dans un recoin de leur tête. Ayana Tsuji interprète avec l’orchestre l’Introduction et rondo Capricioso de Camille Saint Saëns, dédié à sa création au violoniste star de l’époque Pablo de Sarasate. L’orchestre léger laisse toute sa place à la violoniste qui après l’introduction toute en douceur, exécute le rondo avec l’espièglerie qu’il demande, des notes vives et contrastées dans un jeu dynamique.

Une deux le long de la touche… ©Romain Alcaraz

Vient ensuite Manon Galy, fierté toulousaine du violon (qui revient après un concert dans la ville rose où elle avait déjà fait forte impression peu avant la clôture de la saison précédente). Elle interprète la Méditation de Thaïs avec sensibilité et prouve sa compréhension aboutie de l’œuvre dans les inflexions subtiles qu’elle donne à son jeu, particulièrement dans les dernières mesures où le son aigu de l’archer caressant les cordes marque très bien le mystère divin qui habite Thaïs. Retour à de Sarasate avec une de ses compositions cette fois : Navarra, danse pour deux violons et orchestre. Il s’agit de l’œuvre la moins connue du programme mais elle s’avère particulièrement entrainante, portée par nos deux violonistes en parfaite complicité musicale et un orchestre vif et puissant en synergie. Aucun temps mort, tout est synchronisé, les tambours de basque et les cuivres chauds rythment la danse sublimée par le jeu des solistes. Enfin l’orchestre donne la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, et en fait ressortir tous les contrastes. Les volumes sont adaptés avec à la fois de somptueux forte et des moments plus en retrait pour mettre en valeur quelque soliste.

Le bras levé comme ça, c’est pénalité non ? ©Romain Alcaraz
Comme au concert !

La gestuelle de Kristiina Poska, équilibrée, précise et sans excès indique aussi clairement la battue que les attaques. Sa direction veille très attentivement à la tenue et à la régularité des tempi ainsi qu’à la ferme coordination de l’ensemble. Cela convient parfaitement pour la cohésion de l’Introduction et Rondo capriccioso, les pas de danse du Navarra ou encore la majesté de la Neuvième Symphonie de Dvoràk, bien qu’un peu plus de souplesse dans l’orchestre aurait été bienvenu pour accompagner une si émouvante méditation de Thaïs. Le défi de ces grands concerts de plein air réside souvent dans les dispositifs d’amplification acoustique. Si les expériences des années passées (à la prairie des filtres notamment) n’avaient pas toujours été très heureuses sur ce plan, l’organisation semble avoir appris de ses erreurs car le rendu s’avère homogène. Les sons de chaque instrument sont amplifiés sans trop de déformation (au niveau des premiers rang au moins). On se rapprocherait même presque par moments des sensations en salle de concert. 

C’est donc une belle victoire pour cette équipe musicale et ses quatre femmes en guest-stars. Ce concert en forme belle fête populaire a rassemblé les férus de musique comme de rugby. Il se conclut par les chaleureux applaudissements du public enthousiaste et un rappel non moins populaire : un arrangement symphonique de la chanson préférée des toulousains : Toulouse de Claude Nougaro !

Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]