RECITAL – Un après-midi au Festival d’Ambronay : William Christie et Théotime Langlois de Swarte unissent leurs talents pour faire redécouvrir des pépites méconnues de la musique française du 18e siècle.
Théotime Langlois de Swarte s’est plongé dans les trésors oubliés de la Bibliothèque nationale de France et y a déniché les œuvres d’un compositeur du 18e siècle, Jean-Baptiste Senaillé, dont les sonates pour violon et clavecin l’ont immédiatement séduit. Pour ramener ces joyaux à la lumière, il s’associe avec William Christie, musicien chevronné connu entre autres pour son soutien à la jeune génération de musiciens. Ensemble, ils proposent un récital enchanteur mettant en dialogue les sonates de Senaillé avec celles de Jean-Marie Leclair, encadrées par des œuvres de Haendel et de Corelli.
Théotime Langlois de Swarte : virtuosité maîtrisée
Dès les premières notes, Théotime Langlois de Swarte démontre une maîtrise exceptionnelle de sa technique de l’archet. Sa souplesse et sa précision créent une fluidité musicale intelligente, tandis que son violon, caressé avec douceur, conserve un timbre tendre et richement nuancé. L’archet glisse sur les cordes avec une précision exquise et ses mouvements virtuoses affichent une netteté remarquable, particulièrement appréciable dans l’acoustique généreuse de l’abbatiale d’Ambronay. La chaconne finale La Follia, de la Sonate en ré mineur op.5 n°12 de Corelli, d’une agilité redoutable, semble couler naturellement sous les doigts du violoniste, qui se montre même malicieux et complice avec son collègue et le public.
William Christie : l’équilibre parfait
William Christie, bien plus qu’un simple accompagnateur, est un collaborateur discret mais complice. Malgré sa concentration sur le clavier, il communique intensément avec le violoniste, une complicité que trahissent des regards fréquents l’un vers l’autre. Les rares dérapages de doigts sur des touches voisines sont compensés par une attention aux nuances remarquable. Christie brille particulièrement en tant que maître du tempo, guidant avec assurance les croches de sa basse dans le Preludio Largo de la Sonate n°6 en sol mineur de Senaillé, créant une avancée régulière et expressive. Son improvisation en introduction à la Sonate n°5 en do mineur est un pur délice.
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Au service de la musique
Grâce à leur expertise technique et musicale, les deux musiciens mettent en valeur la musique elle-même. Le public découvre avec fascination la délicatesse d’écriture de Senaillén qui charme et touche profondément. La Sarabanda Largo de la Sonate n°5 est un moment suspendu dans le temps, le violoniste caressant les cordes de son instrument comme une étreinte au cœur de l’âme. Après plusieurs rappels et des bis généreux, le public, debout pour ovationner les artistes, se quitte en chantant « joyeux anniversaire » au tout jeune fils de Langlois de Swarte, qui célèbre aujourd’hui ses deux ans et qui admire déjà le jeu de son papa.