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Danse avec les claviers tour à tour à Tours

COMPTE-RENDU – Le Festival “Concerts d’Automne” proposait une invitation à la danse et au petit-déjeuner au Grand Théâtre de Tours : sur scène, deux pianos, d’hier et d’aujourd’hui, pour une valse avec les siècles en récital.

Le public est accueilli comme il se doit pour un dimanche matin : avec café et viennoiseries dans l’entrée et, à cette heure où d’aucuns font leur yoga dominical, c’est une invitation à la danse qui est proposée en salle (mais depuis le confort des fauteuils du Grand Théâtre).

On prend des forces avant la séance, concert & danse, ça creuse d’avance (© Rémi Angeli – Concerts d’automne)
Deux pianos pour mener le bal

Sur la scène de cet opéra, le pianiste Vardan Mamikonian danse en effet avec les styles, les siècles et même les claviers. Il se lance dans une série de fameuses danses au clavier (Mazurkas et Polonaises composées par Chopin, Chaconne de Bach, Valse de Liszt). Mais ce concert est aussi une immense danse en deux temps avec les siècles et les instruments.

Frédéric Chopin est ainsi joué sur un pianoforte Pleyel 1839, puis l’instrument cède sa place à un piano moderne pour jouer Bach et Liszt. Le premier instrument a sans doute un son idéal pour la musique de salon où brillait le virtuose franco-polonais, le son est cependant un peu chiche et frustrant dans le grand volume du Théâtre où se perd la qualité de ses couleurs diaphanes… Les effets dynamiques sont bien plus restreints que sur les puissantes machines que sont les pianos de nos jours. Mais soit, c’est historiquement informé (et l’effet de nostalgie joue à plein)… Et surtout, de ce pianoforte, Vardan Mamikonian tire de bien beaux sons avec une gestion étonnante des énergies, la pédale toujours en action pour modeler, au fil des notes, le discours musical (ajoutant ou ôtant la résonance). Il sait articuler les changements de caractère, dans la succession des diverses parties des œuvres avec raffinement, et sens du contraste : dansant au fil des pièces comme au fil des styles, entre arabesques et entrechats des doigts. Surtout, en plein lien avec la thématique du concert, il évoque les danses populaires en filigrane dans l’imaginaire de ces compositeurs, souvent dans l’aigu, avec une articulation à la fois intimiste et d’une grande précision, sublimée par des élans virtuoses éblouissants.

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Avant le ballet des instruments (© Rémi Angeli – Concerts d’automne)
Bach to the future

Liszt est certes né après Chopin, celui-là se voit donc joué sur un piano moderne mais bon, Chopin n’a qu’un an de plus que Liszt… C’est donc surtout que l’instrument d’époque choisi pour la musique de salon de Chopin ne convenait pas aux virtuosités transcendantales de Liszt. Mais Bach alors nous direz-vous… Si le compositeur baroque est lui aussi interprété sur un piano moderne, c’est parce qu’il est ici arrangé par Busoni (1866-1924). Et le pianiste d’arguer que « si le Pleyel est un piano, cet instrument moderne est un “orgue”, et comme c’était là  l’instrument préféré de Bach… ». Voici donc un clavier organique pour un Bach “busonisé”, rugissant et rutilant de toutes les ressources dynamiques et articulatoires de l’instrument. Idem pour la Rhapsodie espagnole de Liszt avec ses moments de grâce extatique où les sons égrenés en pianissimo dans l’aigu sont néanmoins nimbés d’un lyrisme chaleureux, avec un toucher alors arachnéen du plus bel effet, introduisant la poésie dans l’arsenal des interprètes, au-delà des critères attendus de dynamique, d’articulation et de toucher.

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« Shuffle dance » des bras diraient les jeunes… (© Rémi Angeli – Concerts d’automne)
Dansez maintenant

C’est donc la Rhapsodie espagnole de Liszt qui conclut le programme, à ne pas confondre avec la célèbre Rhapsodie espagnole de Ravel. Et pourtant le compositeur français absent du programme était un peu aussi à ce concert : le jeu de Vardan Mamikonian, pianiste calme et serein, assuré, avec une grande sobriété de posture, qui s’anime au gré des élans de la musique mais sans ostentation, est aussi celui d’un danseur, animé d’une Valse noble et sentimentale. Sentiments exacerbés lorsque l’interprète offre en bis, au public enthousiaste, une Danse arménienne.

Le public se lève, et pas seulement parce que tant de danse met des fourmis dans les jambes (© Rémi Angeli – Concerts d’automne)
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