DANSE – Le 17 octobre se presse au Teatro Olimpico un public nombreux pour découvrir le Lac des Cygnes du chorégraphe italien Fabrizio Monteverde, dans le cadre de la saison de l’Académie Philharmonique de Rome. Une soirée pleine de surprises.
Première surprise : un théâtre italien mais pas à l’italienne
Le Teatro Olimpico, contrairement à la plupart des salles romaines, n’est pas vêtu de rouge et d’or. Le lieu est moderne avec un léger arrondi et des sièges noirs parfaitement alignés. Le public nombreux est agité. Lorsque le rideau s’ouvre sur les notes de Tchaïkovski, une dame en retard ne trouve pas meilleure idée que celle de projeter sa lampe de téléphone dans les yeux de ses voisins pour chercher sa place, un autre fait lever la rangée, et d’autres racontent encore leurs derniers ragots…
Deuxième surprise : Odile-Odette a pris un coup de vieux
Si on a l’habitude de voir le double personnage cygne noir/cygne blanc interprété par une seule danseuse, c’est ici Carola Puddu qui se glisse dans les chaussons d’Odile et Roberta De Simone dans ceux d’Odette. Cela permet notamment un beau duo entre elles.
Mais la vraie surprise vient de l’apparence des danseurs. Leurs visages sont recouverts de masques avec des traits exagérément vieillis. Une perruque est aussi ajoutée, avec des cheveux gris et terne…Dans le programme cela s’explique : le chorégraphe s’est également inspiré du Chant du cygne, pièce de théâtre de Tchekhov où un vieil acteur malade et ivre est enfermé dans un théâtre et revient sur sa carrière.
Troisième surprise : ce n’est pas de la danse classique
Si les affiches placardées dans la ville nous ont montré des danseuses aux visages doux et en tutu, c’est dans les faits une version bien moins classique qui nous attend. En ouverture, les danseurs sont allongés et seul un bras se dégage en rythme et mimant notamment la bouche des canards avec la main…
La surprise partie : place au show !
Le chorégraphe détourne habilement les codes classiques. On retrouve les grands pas de la technique (pirouette, grand jeté…) mais accompagnés par des ports de bras bien plus secs que ceux des cygnes. Les pas de deux sont néo-classiques avec de très beaux portés tandis que les mouvements de groupes sont plus contemporains. Par moments, l’idée de parodie du ballet est présente. Quand le pas de quatre mythique est repris, ce sont les mains des danseuses qui le miment avec en fond de scène la version dansée projetée.
La compagnie du ballet de Rome : une technicité irréprochable
Que ce soit Odette, Odile, Siegfried ou Rothbart : la danse est très propre et l’on sent la formation classique de haut niveau. Carola Puddu est, par exemple, passée par l’école de danse de l’Opéra de Paris.
Une scénographie aux traits marqués
Les lumières, costumes et maquillage vieillissants manquent parfois un peu de finesse. Les projections en fond de scène de danseuses semblent aussi superflues. Par contre une question persiste : pourquoi tous ces vêtements ? En effet, dès le début du spectacle, on perçoit l’omniprésence de vêtements. Si les danseurs sont en tenues assez sombres, ils ne cessent de déplacer, jeter, rassembler des habits colorés. Au deuxième acte les vêtements sont en piles d’où entrent et sortent certains personnages.
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L’omniprésence des vêtements
A la fin les deux cygnes enlèvent leur masque et perruque pour exposer leurs visages. Le cygne blanc enlève le bustier de son tutu et laisse apparaitre ses seins avant de disparaitre dans la pile de vetements. Sous les applaudissements, les danseurs débarrassés de leurs masques saluent accompagnés par le chorégraphe.